C’est désormais officiel, les salariés français travaillent davantage que les Allemands. Libération
Face à la diversité des données sur le sujet, une enquête s’est peu à peu imposée depuis quelques années : celle de l’institut Rexecode (proche du patronat), issue d’un retraitement des données d’Eurostat, l’institut européen de statistiques. Elle porte sur la durée moyenne effective annuelle de travail, seul indicateur pertinent permettant des comparaisons internationales. Une durée calculée sur la base d’«enquêtes sur les forces de travail» (Labour Force Survey, LFS), réalisées sous la forme de questionnaires auprès d’un échantillon de la population active dans chaque pays de l’UE (en France, l’enquête «emploi» de l’Insee).
Réduction du temps de travail
Dans la dernière édition de Rexecode, publiée le 6 décembre et portant sur l’année 2022, la France affiche un temps de travail effectif, pour les salariés à temps complet, de 1668 heures par an. Soit l’avant-dernière plus basse de l’UE, juste devant la Finlande. Les salariés à temps complet dans l’Hexagone œuvrent ainsi 65 heures de moins que les Espagnols, 122 heures de moins que les Allemands, 124 heures de moins que la moyenne de l’UE, ou encore 162 heures de moins que les Italiens. Ce qui équivaut, pour les salariés français à temps complet, à travailler trois semaines de moins sur l’année que les Allemands. Une différence due pour une bonne part à la réduction du temps de travail du début des années 2000 (sous forme hebdomadaire ou de RTT), mais aussi aux arrêts maladie (2,1 semaines par an en France contre 1,2 en Allemagne).
Mais en intégrant les temps partiels, le podium change sensiblement. Tous temps de travail confondus, les Français, avec 1550 heures par an, remontent ainsi de sept places dans le palmarès, et passent devant les Allemands (1529 heures), tout en restant en dessous de la moyenne européenne (1632 heures). Soit 21 heures de plus de travail sur l’année pour les Français que pour les Allemands.
Ces chiffres sonnent également comme une nouveauté. Dans l’avant-dernière étude de l’institut, publiée en 2021 et portant sur l’année de 2019, les salariés français affichaient une durée annuelle effective de travail, tous temps confondus, encore légèrement inférieure aux Allemands (1 558 heures contre 1 577).
Impossible, cependant, d’y déceler une évolution récente. Eurostat a en effet profondément remanié la méthodologie de l’enquête en 2021, afin d’améliorer la comparabilité entre les différents pays, rendant ainsi «inopérante la comparaison des durées avant et après cette date, et notamment à court terme», avertit Rexecode.
Malgré ces préventions, la tendance sur le long terme semble indiquer – du moins pour les temps complets, comme indiqué sur le graphique ci-dessous – une stagnation du temps de travail pour les Français depuis 2005, et une baisse régulière pour les Allemands (et la moyenne européenne). Ce qui rend assez logique ce croisement de courbes tous temps de travail confondus. D’autant que la tendance de moyen terme est à la diminution de la part des temps partiels en France, et à l’augmentation en Allemagne.