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FOLIO DU BLANC-MESNIL
8 août 2020

C'était Philippe Frémeaux. Denis Clerc,Florence Jany-Catrice, Benoît Hamon,Thierry Pech, Aurore Lalucq

ballons envol

Denis Clerc, Jean Pisani-Ferry, Florence Jany-Catrice, Benoît Hamon, Thierry Pech et Aurore Lalucq tracent un portrait intellectuel et sensible de l’ancien rédacteur en chef et PDG d’Alternatives Economiques.

L’annonce du décès de Philippe Frémeaux, ancien rédacteur en chef et PDG d’Alternatives Economiques, a été saluée par une salve d’hommages, provenant de lecteurs du journal, reconnaissants du rôle qu’il a joué dans leur formation intellectuelle ou pour éclairer le débat public, mais aussi de personnalités publiques. Six d’entre elles l’ayant côtoyé de près à un moment ou un autre de sa riche carrière nous livrent le souvenir qu’elles garderont de Philippe Frémeaux.

Denis Clerc : « C’est grâce à lui que le journal est sorti de l’amateurisme militant et s’est professionnalisé »

J’ai fait la connaissance de Philippe par téléphone en septembre 1981, quelques mois après la naissance d’Alternatives Economiques. Il préparait un article sur le Crédit agricole pour Le Monde Dimanche, un supplément du quotidien, et me proposait de reprendre sous forme d’interview quelques passages critiques qui lui avaient plu dans un livre sur les banques que j’avais écrit deux ans auparavant. Je me revois encore, le téléphone tenu d’une main tremblante : un journaliste du Monde qui souhaitait m’interviewer, c’était la gloire ! Lorsqu’il m’a confié qu’il n’était en réalité qu’un pigiste occasionnel, complétant ainsi son boulot de prof de sciences économiques et sociales à temps partiel, je me suis empressé de l’inviter à la réunion du comité de rédaction d’Alternatives Economiques qui se tenait à Paris une ou deux semaines plus tard. Banco, il y était, et le numéro 9 du journal (mars 1982) publiait un article de lui sur la répression en Pologne de la fronde syndicale menée par Solidarnosc, avec l’emprisonnement de ses animateurs, notamment Walesa, sur ordre de Jaruzelski. Un article d’une ligne très « frémaldienne », dans lequel l’économique et le politique étaient mobilisés pour expliquer la situation. Un essai réussi, puisque, par la suite, Philippe écrivit dans quasiment tous les numéros de ce qui allait devenir son journal.

Car, en fait, c’est grâce à lui que le journal est sorti de l’amateurisme militant et s’est professionnalisé. Très vite, il y a imprimé sa ligne, réaliste, certes, mais exigeante, comme en témoigne ce passage de l’édito du numéro de février 1986 : « Admettre qu’il n’y a pas d’alternative au capitalisme ne signifie pas qu’on approuve une collaboration de classes qui revient à aligner les dominés sur les intérêts des dominants. »

En 1987, la diffusion du journal ayant sensiblement progressé, nous pouvions envisager enfin de rémunérer – modestement – les rédacteurs, jusqu’alors entièrement bénévoles. Mais aucun d’entre eux ne songeait à abandonner ou à réduire son emploi principal pour se consacrer à Alternatives Economiques, même à temps partielAucun… sauf Philippe et moi. Nous sommes donc convenus d’un partage des tâches entre nous deux, une fois encore par téléphone : à lui, la rédaction en chef, à moi la gestion financière et administrative. Chacun de nous conservait un pied chez un autre employeur – lui, qui avait quitté entre temps l’enseignement pour le BIPE, bureau d’études dépendant de la Caisse des dépôts, moi à l’Université de Dijon – pour assurer ainsi des fins de mois décentes, car le mi-temps d’Alter Eco était maigrement payé, surtout au regard des heures de travail effectives que nous lui consacrions.

Grâce à Philippe, la ligne éditoriale, jusqu’alors assez floue, s’est affirmée : européenne et sociale-démocrate

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Grâce à Philippe, la ligne éditoriale jusqu’alors assez floue s’est affirmée : européenne et sociale-démocrate. Grâce à lui aussi, les papiers commandés à l’un ou à l’autre étaient soigneusement relus et travaillés. Philippe ne réécrivait pas les articles, mais expliquait ce qu’il attendait, à charge, pour le rédacteur, de reprendre le papier. Grâce à lui, à ses interventions extérieures et à ses nombreux amis ou connaissances, la notoriété du journal a considérablement progressé, au point qu’il a pu réduire, puis arrêter son travail au BIPE. Entre 1987 et 1999, date de mon départ comme directeur de la coopérative pour d’autres aventures, la diffusion du mensuel a été multipliée presque par cinq. Le partage des tâches, mais surtout la confiance avaient ainsi super bien fonctionné.

Sans doute, le fait que 300 km séparaient nos lieux de travail – lui à Paris, moi dans l’agglomération dijonnaise – a permis que les frictions soient minimes, pour ne pas dire insignifiantes, et que l’attelage marche bien. Mais il y avait autre chose : Christine et Philippe m’ont offert le gîte bien des fois, et Philippe m’a fait goûter aux rollmops et aux nombreux talents culinaires qu’il possédait. L’amitié s’est ainsi tissée solidement, notre duo ne reposait pas sur quelque hiérarchie que ce soit, mais sur une profonde et totale confiance réciproque.

Parmi ses nombreuses qualités, Philippe en avait une majeure : la raison, chez lui, l’emportait sur la passion, alors que je m’échauffais vite. Lorsque je devais participer à une table ronde difficile, avec des personnes défendant des positions diamétralement opposées aux nôtres, il me faisait longuement la leçon : « Surtout, reste calme, dis ceci, pas cela… » Il faisait ainsi mon éducation, même si, parfois, mon caractère sanguin l’emportait, ce qui le faisait rire. Face à une contrariété, il m’arrivait de menacer de démissionner. Il savait que je n’en ferais rien et s’en moquait gentiment.

Aussi, lorsqu’il s’est agi de transmettre les clés de la coopérative, il allait de soi qu’elles ne pouvaient pas être en de meilleures mains que celles de Philippe. La suite l’a d’ailleurs prouvé : notre Philippe, rédac’ chef et débatteur de grande qualité devint très vite aussi gestionnaire éclairé. Au fond, si l’on m’attribue le titre exact formellement de « fondateur d’Alternatives Economiques »c’est largement à Philippe que l’on doit le succès du journal. Voilà pourquoi je pense profondément qu’Alternatives Economiques a été « son » journal, celui qu’il a forgé, dirigé et développé. Merci Philippe !  

Denis Clerc est fondateur d’Alternatives Economiques

Jean-Pisani Ferry : « Plusieurs vies, un seul homme »

Tour à tour enseignant, journaliste, consultant, chef d’entreprise, Philippe a eu plusieurs vies. Jamais prisonnier d’aucune de ces incarnations, il a fortifié ses convictions à l’épreuve de toutes ses expériences, et de chacune il a su tirer le meilleur. 

De l’enseignant, il avait conservé le goût et l’art de faire comprendre, et c’est sans doute l’une des raisons qui l’avaient conduit, très tôt, à se rapprocher d’Alter Eco (c’est là que nous nous sommes connus, il y a quelque quarante ans, autour d’inévitables et bourratifs jambon-beurre). Mais aussi, parce qu’il avait été professeur de sciences économiques et sociales, il était animé de la conviction que les questions réputées économiques ne peuvent se lire à travers le prisme d’une seule discipline, sans prendre en compte à même hauteur leurs dimensions sociologiques, anthropologiques ou politiques. Il n’avait pas attendu l’économie expérimentale pour se méfier de l’homo economicus et lui préférer l’homo socialis. Des inégalités, notamment, il ne voulait pas qu’on donne une lecture étroite fondée sur la nature du progrès technique, la concurrence, le rendement du capital ou même, de manière plus englobante, la mondialisation. Il ne pensait pas qu’on puisse les comprendre sans prendre en compte compromis sociaux et normes collectives. Et tant pis pour ceux qui lui opposaient qu’à force de convoquer toutes les disciplines, on ne se soumet à aucun régime de preuve. 

Pour parler avec lui de transition écologique, mieux valait savoir comment fonctionne une turbine

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Du consultant spécialisé, il avait retenu une approche concrète, industrielle des phénomènes économiques. Ce n’était pas seulement, pas d’abord sur la base de théories, de modèles ou des grandeurs agrégées de la comptabilité nationale qu’il en appréhendait les mécanismes, mais à partir des produits et de celles et ceux qui produisent ou consomment. Il savait bien sûr la valeur analytique des concepts (tout autant, d’ailleurs, que leur valeur politique) mais il s’en méfiait aussi, et aimait les tester à l’épreuve des réalités matérielles. Pour parler avec lui de transition écologique, mieux valait savoir comment fonctionne une turbine.   

Du chef d’entreprise – du patron, treize ans durant, d’Alternatives Economiques – Philippe avait gardé un réalisme assumé et tranquille. Ce n’était pas la posture morose de ceux qui ont renoncé à leurs utopies, mais l’exigence lucide de ceux qui veulent construire sur la terre ferme. Il tenait pour une évidence que la prospérité collective s’ancre dans la productivité du travail et la santé économique des producteurs. Et il savait mieux que personne qu’une entreprise à finalité alternative est, comme toute autre et parfois plus que toute autre, soumise à l’impératif de rentabilité. Là n’était pas l’essentiel, certes, mais il était indispensable que la maison tourne et dégage les moyens de son propre développement. Gare à qui voulait se lancer dans une nouvelle aventure au mépris du compte d’exploitation : il était vite prié de revoir ses projets.

Le journaliste s’était nourri de ces expériences multiples. Il avait fait siennes les ambitions fondatrices d’Alternatives Economiques – simplifier sans dénaturer, critiquer sans travestir, imaginer sans s’illusionner – parce qu’il se retrouvait pleinement dans ces alliances de contraires. Autant l’homme de convictions était stable, autant le dialecticien était mobile. Mais c’est d’une manière très personnelle qu’il portait ses idées, avec un mélange tout particulier de sérieux et d’humour qui brouillait les pistes et déroutait ses contradicteurs.

Au fil des années, le journaliste engagé en était venu, sinon à se muer en une institution, au moins à tenir un rôle social, avec ce que cela comportait de responsabilité, de contraintes, parfois de contradictions. Il remplissait le rôle du docteur ès-alternatives avec précision bien sûr, avec conviction surtout, et puisqu’il le fallait ne manquait pas, avant de se risquer à surprendre, de s’employer à conforter. Mais non sans que le coin de sa paupière rappelle discrètement, mais avec insistance, qu’il ne se résumait pas à son personnage.

Depuis plus d’un an, Philippe se savait menacé. Aussi longtemps que possible, il a poursuivi son chemin, et traité de sa propre mort avec la même ironie qu’il employait pour parler des sujets difficiles. Ce n’était pas le détachement des blasés mais plutôt celui des empathiques, dont la générosité est si essentielle qu’il faut sans cesse la protéger d’une armure. Il y a quelques semaines, il m’a appelé pour m’inviter à un colloque qu’il organisait en novembre et, comme en incidente, pour m’annoncer qu’il était condamné. Si je suis encore là, me dit-il, cela me fera plaisir que tu viennes. Si je n’y suis plus, ajouta-t-il avec un sourire dans la voix, tu pourras parler de moi et, compléta-t-il avec un sourire redoublé, tu pourras faire mon éloge. C’était Philippe.

Jean-Pisani-Ferry est professeur à Sciences Po Paris, ancien commissaire général de France Stratégie

Florence Jany-Catrice : « Un authentique défenseur du pluralisme »

Dans le débat intellectuel et médiatique, les authentiques défenseurs du pluralisme se font de plus en plus rares. Philippe Frémeaux faisait partie de ceux-là, lui qui avait très tôt compris que derrière les choix de société se lovent toujours des combats d’idées. Ainsi écrivait-il en 2016 dans un hommage à Bernard Maris : « Le discours économique dominant entretient un rapport complexe au politique : il se défend d’en faire, alors qu’il est au cœur même de ce qui fait son objet. Le discours des économistes ne consiste-t-il pas à nous expliquer, à longueur de temps, ce qui est possible et, serait-on tenté de dire, surtout ce qui ne l’est pas ? (…) De fait, le discours des économistes dominants pare trop souvent de l’apparence de la nécessité l’acceptation du monde tel qu’il est. »

C’est sans doute pour cela qu’il a rejoint, dès les années 1980, le cercle si étroit de ces journalistes économiques qui font du pluralisme – des thématiques, des analyses et des modèles de sociétés – la valeur fondatrice de leur éthique professionnelle, et ce en participant activement à la belle aventure d’Alternatives Economiques, d’abord comme contributeur bénévole, puis comme rédacteur en chef.    

Promoteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) qu’il avait pratiquée concrètement en dirigeant pendant plus d’une décennie la coopérative Alternatives Economiques, il s’étonnait que si peu d’économistes – y compris parmi les hétérodoxes – s’intéressent vraiment à cette forme d’économie qui est pourtant porteuse de véritables alternatives, tant sur le plan théorique que pratique, à la domination du modèle libéral-productiviste actuel. Un étonnement qu’il avait d’ailleurs exprimé dans un Hors-Série Poche « L’économie sociale et solidaire vue par les économistes ».

Pour autant, cette défense de l’économie sociale et solidaire n’était chez lui ni hors-sol, ni béate. Il n’avait de cesse d’en analyser les paradoxes et contradictions, détestant par dessus tout la référence incantatoire à un prétendu « ADN » qui, au motif de protéger la spécificité de l’ESS, n’était rien d’autre que le signe d’une pensée paresseuse. Dans La nouvelle alternative, il rappelait ainsi les risques évidents de banalisation des mutuelles, coopératives et associations, et analysait finement leurs ressorts. A l’occasion de la sortie d’un rapport de mission pour le ministre de l’ESS sur « L’évaluation de l’apport de l’économie sociale et solidaire », nous avions eu l’occasion de confronter nos idées sur l’ESS bien sûr, mais aussi sur le pouvoir symbolique des chiffres, qu’à la différence de bien d’autres journalistes économiques il ne sous-estimait pas.  

Il écrivait malicieusement que le bonheur était une chose bien trop importante pour être laissée entre les mains des économistes et des politiques

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Philippe Frémeaux avait accompagné la dynamique de création du Forum pour d’autres indicateurs de richesse (FAIR), Forum que nous avions fondé avec Jean Gadrey, Dominique Méda, Hélène Combe et Patrick Viveret à l’occasion de la mise en place par le président Sarkozy de la Commission Stiglitz-Sen en 2008. Sa confiance, doublée d’une forte exigence éditoriale, avait permis la publication en 2011 de « La richesse autrement », Hors-Série d’Alternatives Economiques qu’il concluait malicieusement en écrivant que le bonheur était une chose bien trop importante pour être laissée entre les mains des économistes et des politiques…

Plus récemment, il accompagnait encore ce même collectif lors de la publication de L’économie au service de la société, mélanges en l’honneur de Jean Gadrey. Il y formulait cette philosophie économique qui l’a toujours guidé : « Etudier l’économie est nécessaire, mais cela ne doit pas conduire à l’autonomiser au risque d’oublier que c’est elle qui doit être mise au service de l’humanité́, et non l’inverse. Et tout l’enjeu pour l’humanité́ est bien de ne pas se soumettre à l’ordre du monde, de mettre au cœur du débat démocratique les questions essentielles : que produit- on ? Comment produit-on ? Quelles doivent être les finalités de l’activité́ économique et sont-elles compatibles avec les limites de notre planète ? »

Au plus fort de la crise financière de 2008, l’Association française d’économie politique (Afep) s’inquiétait des conditions institutionnelles qui conduisaient au tarissement spectaculaire du pluralisme de la pensée économique dans l’enseignement supérieur et dans la recherche en France, et, partant, des conséquences néfastes de ce tarissement pour le débat démocratique. Pour sortir structurellement de cette dynamique mortifère, l’Afep demandait la création d’une nouvelle section (« Economie et société ») au sein du Comité national des universités. Philippe Frémeaux avait, à cette occasion, rédigé un rapport sur le manque de pluralisme dans l’enseignement intitulé « Sortir de la crise de l’enseignement supérieur d’économie ». Il y rappelait notamment que l’enseignement supérieur des sciences économiques à l’université est en crise, mettant en avant « l’insuffisante référence aux faits, à l’histoire, l’absence de pluralisme » et plaidant pour un « plus grand pluralisme du corps enseignant ». Ce soutien aux diagnostics portés par l’Afep avait été symboliquement d’autant plus précieux qu’on constatait dans le même temps, sans surprise, une alliance tous azimuts des dominants contre ce projet.

En 2016, Philippe Frémeaux avait créé un événement annuel de grande ampleur, Les Journées de l’économie autrement (JEA) de Dijon : émaillées de débats d’experts confrontés aux acteurs de l’économie sociale, aux politiques et aux citoyens, ces journées étaient vraiment revigorantes – et devront le rester. Passeur et pédagogue hors pair, Philippe Frémeaux souhaitait que s’y nouent des partenariats avec les étudiants en économie, ce dont plusieurs masters profitaient (en particulier le master APIESS de Lille et le master DDESS de Poitiers). Infatigable, il se déplaçait dans les universités pour présenter le programme de ces journées et pour préciser les attentes en retour de la part des étudiants. Son exigence, son humour teinté de causticité, mais aussi son humilité provoquaient chez les étudiants un réel enthousiasme, les JEA pouvant alors se targuer de promouvoir un véritable dialogue intergénérationnel.

Cher Philippe, à force de nous retrouver dans des combats communs ces dernières années, tu étais devenu un ami. Sans être d’accord sur tout, nous partagions l’essentiel, cet engagement pour le pluralisme dont nous nous disions si souvent qu’il était la condition nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie.

Florence Jany-Catrice est professeure des universités

Benoît Hamon : « Le journaliste, l’intellectuel, l’homme de gauche »

Il y a toujours quelque chose d’irréel dans l’hommage que l’on rend à une personne respectée, admirée, chère ou aimée qui vient de disparaître. On prononce et on couche des mots que l’on n’a parfois jamais eu l’occasion de lui dire de son vivant. J’avais une profonde estime pour Philippe Frémeaux, le journaliste, l’intellectuel, l’homme de gauche.

Croiser les regards et les disciplines, soutenir la diversité des points de vue, remettre les économistes sur la banquette arrière plutôt qu’au volant des sociétés

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Philippe Frémeaux était d’abord un journaliste économique respecté, rédacteur en chef puis dirigeant d’Alternatives Economiques, c’est-à-dire la principale voix du pluralisme de la pensée économique dans la presse française. Ce n’était pas une mince responsabilité dans un univers où l’économie prétend au statut de science exacte et se présente souvent comme la meilleure des sciences parmi les sciences. Croiser les regards et les disciplines, soutenir la diversité des points de vue, partir de l’humain puis remonter vers les chiffres, et pas l’inverse, remettre les économistes sur la banquette arrière plutôt qu’au volant des sociétés pour paraphraser Keynes, constituent quelques-unes des nombreuses tâches du mensuel Alter Eco auquel Philippe Frémeaux a consacré son intelligence, sa malice et ses convictions.

Mais il était bien sûr plus que cela. Il était un intellectuel organique comme l’aurait repéré Gramsci : un penseur, un éducateur et un pédagogue qui critiquait, argumentait, défrichait les alternatives à la prise de pouvoir du néolibéralisme sur nos sociétés. Je me souviens de ses remarques, ses prises de parole, ses écrits pour discuter le bien-fondé de tel ou tel argument ou stratégie que je défendais sur le revenu universel d’existence lors de la campagne présidentielle. Il n’aimait pas l’idée de fin du travail, mais il s’intéressait au pouvoir de négocier que le revenu universel restituerait aux salariés. Quelles que soient ses réserves, il rejetait les oukases paresseux qui rangeaient la proposition dans le tiroir des mesures irréalistes, irréalisables ou infinançables et réfléchissait à haute voix sur les différents scenarii de financement et leurs conséquences. Il avait une intelligence en mouvement, généreuse et enveloppante.

En 2012, alors ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire (ESS) et à la Consommation, je lui avais confié très tôt une mission sur l’évaluation de l’apport de l’économie sociale et solidaire. Nous étions convaincus tous les deux que la contribution globale de l’économie sociale et solidaire allait bien au-delà de sa seule contribution au PIB. Mais il fallait, à ses yeux, s’appuyer sur des instruments rigoureux d’évaluation pour le démonter et engager son changement d’échelle. Le travail qu’il réalisa n’a pas pris une ride. Il notait que les organisations de l’ESS participent à la création de richesse, créent des emplois et s’inscrivent dans la réalité et la diversité des territoires. Mais elles font mieux. Beaucoup mieux. Outre leur utilité sociale, elles montrent que la démocratie selon le principe « une personne, une voix » est parfaitement compatible avec la production efficace des biens et services. Elles sont le laboratoire vivant et sans cesse innovant d’une économie où l’enrichissement personnel n’est pas la raison d’être de l’entreprise. Son travail nous invitait à nous interroger : que resterait-il de la qualité de vie démocratique d’une société comme la nôtre sans la citoyenneté économique bien vivante dans de nombreuses organisations de l’ESS ?

« A partir d’un certain niveau de richesse matérielle, les progrès du bien-être et de la santé sociale tiennent à d’autres facteurs et d’autres politiques que la poursuite de la croissance. » Il avait mis en exergue cette citation de Jean Gadrey pour plaider en faveur du changement des indicateurs de richesse, nécessaires pour redonner vie à la promesse d’une économie qui ait pour finalité non pas la recherche du profit mais la satisfaction des besoins. Il avait raison. Il défendait depuis longtemps l’articulation des questions économiques, sociales et écologiques que plus personne officiellement n’ignore, maintenant que l’aberration écologique et sociale du modèle productiviste et capitaliste prend l’humanité à la gorge. Qui ne voit pas l’éclatante modernité de sa pensée !

Le mot qui me vient quand je pense à lui, c’est la tempérance. Il exprimait une force tranquille, qui n’avait besoin ni de la contrainte, ni de mille moulinets ou stratagèmes pour se faire entendre et comprendre. Il nous manquera. Mais en sage philosophe qu’il fut, il laisse de nombreux disciples, qui continueront à faire vivre sa pensée et éclore des solutions positives aux maux de notre époque. Mes pensées vont aux siens, sa famille, tous ses compagnons de route et ses amis.

Benoît Hamon est ancien ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire et à la Consommation et ancien ministre de l’Education nationale

Thierry Pech : « Philippe était un progressiste, mais il ne s’illusionnait pas »

C’était au lendemain du 21 avril 2002. Pierre Rosanvallon m’avait mis sous les yeux une tribune parue dans le journal Libération et m’avait recommandé de faire connaissance avec son auteur. Elle était signée de Philippe Frémeaux. Nous ne nous connaissions pas, mais je me trouvai en accord avec presque tout ce qu’il y écrivait. Je ne dis pas que j’aurais pu l’écrire car j’en aurais été sans doute incapable. Disons que j’aurais aimé l’écrire. La lucidité, la clarté, la densité, la fermeté dans le jugement m’impressionnèrent.

De quoi s’agissait-il ? Je ne l’ai pas relue. Ce qui m’en reste aujourd’hui relève peut-être d’une commode reconstruction rétrospective. Mais peu importe : les relations qui comptent – spécialement les amitiés où se mêle le commerce des idées – reposent au moins autant sur le souvenir des rencontres que sur les rencontres elles-mêmes.

Il lui semblait que la gauche ne pourrait renouer avec sa vocation historique qu’en retrouvant le chemin de la question sociale

 

Il s’agissait, je crois, de l’idée que nous nous faisions de la gauche. Il lui semblait qu’elle s’était égarée et qu’elle ne pourrait renouer avec sa vocation historique qu’en retrouvant le chemin de la question sociale, et notamment d’un certain réalisme critique dans l’analyse des inégalités. Ce n’était pas une évidence pour tout le monde. Nous sortions d’une époque où il était de bon ton de considérer que les ouvriers avaient quasiment disparu et où les classes sociales étaient censées s’être évanouies en même temps que les idéologies.

Cet égarement venait de loin. En couronnant la victoire du modèle démocratique sur l’expérience communiste, la gauche républicaine et antitotalitaire avait jeté sans le dire le bébé de la critique sociale avec l’eau du bain marxiste. Elle avait perdu le contact avec la société, singulièrement avec les classes populaires qui l’avaient délaissée dans les urnes, et elle parlait bien mal les deux idiomes qui formaient déjà le langage hégémonique de la mondialisation : celui de l’économie de marché et celui du droit. Elle allait même bientôt douter de son destin européen – Philippe prendrait d’ailleurs toute sa part aux débats de la campagne référendaire de 2005 pour le lui rappeler. Bref, la gauche entrait désarmée dans le XXIe siècle.

Je fis donc la connaissance de Philippe. M’apparut alors la complexité d’un homme qui chérissait les nuances et ne fuyait pas le doute. Il était bien, lui aussi, l’enfant de cette histoire du mouvement démocratique et antitotalitaire – nous en avons souvent parlé ensemble. Mais, comme ses compagnons de route d’Alternatives Economiques, il pratiquait le raisonnement économique quand d’autres récitaient un catéchisme appris par cœur, et il ne le séparait jamais d’un ensemble d’autres facteurs, sociologiques ou politiques, quand d’autres l’isolaient méticuleusement des bruits du monde. Il ne cherchait pas à valider une théorie contre l’autre : la curiosité pour les faits – qui devrait être la discipline quotidienne de tous les journalistes – le tenait à l’abri de ce genre de maladie.

Il avait bien sûr ses paradoxes. La quête des alternatives, le désir de ne pas décourager les expériences locales, de ne pas désespérer les femmes et les hommes de bonne volonté, bref, l’envie de croire non seulement qu’un autre monde est possible, mais qu’il est à portée de main et d’une certaine façon déjà en gestation, pouvaient lui inspirer quelques indulgences. En même temps qu’il cultivait une exigence de raisonnement et d’argumentation, Philippe avait gardé les fortes espérances de changement de sa génération et il était resté un homme d’action, que ce soit dans le costume du patron de presse ou dans celui du citoyen engagé. Alternatives Economiques incarnait et incarne toujours ce mix improbable dans la culture politique française entre la rigueur dans l’exercice de compréhension des phénomènes économiques et sociaux, d’une part, et, de l’autre, la quête d’autres possibles, au prix d’un certain volontarisme parfois. Philippe était en tout cas rompu à cette dialectique entre les disciplines de l’analyse et les impatiences de l’action. Elle le gardait tout à la fois des paresses du militant et des vanités de l’économiste en chambre, des facilités de la radicalité et des indifférences coupables de l’observateur distant.

Surtout, Philippe me fit comprendre l’urgence écologique. Comme beaucoup de sociaux-démocrates, j’en ignorais presque tout. Ma conversion fut lente et, somme toute tardive, mais active. Il en fut, avec Pascal Canfin, le principal accoucheur. Ce n’est pas le moindre des services qu’il m’ait rendus. Il y a quelques mois, il me demanda de lui réserver une place dans le public de la Convention citoyenne pour le climat dont je présidais le comité de gouvernance avec Laurence Tubiana. Ce que je fis. Malheureusement, la pandémie ne permit pas de tenir la session prévue et il ne vit jamais de ses yeux ce grand chantier démocratique où l’on s’efforçait de concilier réduction des émissions de gaz à effet de serre et justice sociale, « fin du monde » et « fin du mois » en somme. Un programme auquel, je crois, il adhérait pleinement.

Je regrette que ce rendez-vous ait été manqué car, j’en suis sûr, il lui aurait donné des raisons d’espérer. Et des raisons d’espérer, sur ce sujet, il en avait besoin : il m’avait confié son pessimisme et même sa tristesse à ce propos. Cette confidence m’avait surpris, non par son contenu mais par sa forme : il était rare en effet qu’une discussion avec Philippe ne se termine pas par un trait d’humour ou d’ironie.

On a dit quelquefois pour les caricaturer que les progressistes « vivent à l’ombre de l’avenir » et qu’ils s’émancipent ainsi à bon compte des contraintes du présent et des inerties du passé. Philippe était un progressiste, mais il ne s’illusionnait pas : il croyait que les hommes sont capables de construire un monde meilleur, de tenir tête aux conservatismes et de se gouverner collectivement, mais, à la lumière des prévisions et des premières manifestations du dérèglement climatique, sa foi avait pâli.

J’espère que nous saurons lui prouver que l’on peut encore y croire.  

Thierry Pech est directeur général du think tank Terra Nova, coprésident du comité de gouvernance de la Convention citoyenne pour le climat, ancien PDG d’Alternatives Economiques.

Aurore Lalucq : « Il aimait que l’élève dépasse le maître »

Depuis l’annonce de sa maladie, il m’appelait mon Aurore. Alors je l’appelais mon Philippe.

Mon Philippe réunissait des qualités rares sans en faire grand cas.

Intellectuellement, il avait cette capacité exceptionnelle à mettre des mots sur les situations les plus tendues, sur les confrontations les plus binaires et stériles. Il y parvenait car il possédait le bagage analytique pour le faire, mais aussi parce qu’il avait le souci et le respect de bien faire et qu’il savait mettre sa sensibilité au service de son intelligence et du débat public.

Derrière ses phrases taquines, son regard espiègle, il y avait en effet chez Philippe une incroyable sensibilité et empathie. Ces caractéristiques l’obligeaient instinctivement à se mettre à la place de l’autre, à penser contre lui-même, sans pour autant perdre ses convictions, bien au contraire.

Si certains cherchent à rendre complexe un débat simple pour éviter la contradiction et s’extraire du débat public, chez Philippe c’était tout l’inverse. Son obsession profonde était la qualité du débat public, la pédagogie et surtout la démocratie.

Son obsession profonde était la qualité du débat public, la pédagogie et surtout la démocratie

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J’ai ainsi souri, comme beaucoup de ses amis, en voyant des hommages à « l’économiste » Philippe Frémeaux. Philippe n’était pas économiste. Et c’était d’ailleurs sa force. Impossible avec lui de s’enfermer dans des graphiques ou des théories économiques réductrices et abstraites, il vous remettait les pieds sur terre à travers les questions les plus dures : les questions de base, les questions essentielles. Il ne vous laissait ainsi jamais la possibilité de vous déconnecter de la réalité, sauf si c’était pour rêver un peu... « N’oublie jamais que poser des questions, les questions les plus basiques, celles qui ne font pas très “intello”, ce n’est pas être en position de faiblesse mais en position de force », disait-il, ajoutant souvent un : « Et tu n’oublies pas non plus qu’assumer sa sensibilité, c’est ça être vraiment fort, hein. »

J’ai toujours été admirative de sa capacité à ne pas se laisser enfermer dans les débats binaires. J’ai vu faire. Je t’ai vu faire, mon Philippe. A chaque fois qu’un de mes propos était caricatural : tu râlais, je râlais, mais j’écoutais et j’apprenais. On finissait toujours par rigoler. Tu m’as ainsi montré que la rondeur n’était pas la mollesse. Que la nuance et la prise en compte de l’ensemble des points de vue étaient ce qu’il y avait de plus dur et de plus courageux. En somme, que la radicalité n’était pas là où l’on croyait. Qu’on pouvait être radical sans être caricatural.

Nous nous retrouvions ainsi sur la question européenne. Tous deux fédéralistes convaincus, Philippe avait voté en faveur du Traité constitutionnel, j’avais voté contre. Si nous ne partagions pas le même point de vue sur ce Traité, nous partagions des convictions européennes et internationalistes, et surtout une fatigue commune quant au niveau du débat sur ces sujets. Philippe ne se reconnaissait que très peu dans les arguments des promoteurs du « oui » (sauf dans ceux d’Arnaud Lechevalier, pour lequel nous avions tous deux une grande admiration). Je ne me reconnaissais que très peu dans ceux du « non », sans pour autant parvenir à mettre des mots sur ce qui me gênait.

Dans un éditorial, une vraie pépite, il avait parfaitement résumé la situation. En somme, il écrivait : « Quand on entend les promoteurs du “oui”, on a envie de voter contre. Quand on entend ceux du “non”, on a envie de voter pour. » Tout était dit.

A travers ce genre de petite phrase, pointait chez lui une autre qualité : celle d’alimenter un débat public de qualité. Tout en plaçant, çà et là, quelques « punchlines » dont il avait le secret, Philippe venait nourrir le débat d’éléments toujours parfaitement problématisés. Problématisés, mais simples d’accès. Il détestait les mots en « isme ». Philippe savait que derrière des propos alambiqués, emplis de mots pseudo intello « qui en jettent » se cachait souvent un grand vide intellectuel ou une incapacité à expliquer clairement une idée.

Une idée, surtout quand elle était complexe, devait être expliquée simplement. Elle pouvait l’être et elle devait l’être. Rédacteur en chef, président de l’Institut Veblen, ou tout simplement ami relecteur, il ne laissait rien passer. Jamais. Il repérait la moindre petite phrase floue dans un article... vous savez, celle dont vous n’êtes pas très fière... mais dont vous ne parvenez pas à améliorer la qualité... Il la soulignait, et invariablement le rituel était le même : « Mais ça veut dire quoi ça ? Mais tu t’es relue ? Ah bah non permets moi de te dire que non, tu ne t’es pas relue, sinon tu n’aurais pas laissé passer ça. Ce n’est pas de ton niveau ça. Bon, tu veux dire quoi ?... Nan mais je te dis ça... je sais que cette question n’est pas simple à traiter, je t’avoue que je ne sais pas non plus comment l’angler... » Commençait alors une discussion. Et de cette discussion émergeait la solution. Et là, il était heureux. En outre, il attendait de l’autre qu’il le traite exactement de la même façon : qu’on lui apporte une contradiction argumentée, qu’on lui soumette des éléments auxquels il n’avait pas pensé. Philippe était curieux. Il aimait transmettre autant qu’apprendre.

Chez lui, la critique n’était pas faite pour humilier, pour brimer ou inhiber. Elle était faite pour faire grandir, pour s’assurer que vous serez inattaquable sur le fond. Lui, l’intellectuel et le grand affectif, il voulait ainsi s’assurer que son interlocuteur avait bien pris tous les éléments de la situation en compte afin qu’il ou elle évite un violent retour de bâton (il avait si peur pour ses amis et ses protégés). En cela, Philippe n’était pas très français. Il aimait que l’élève dépasse le maître. C’est même ce qu’il recherchait. Quand il vous disait avec un grand sourire aux lèvres « Je suis jaloux ! J’aurais voulu être l’auteur de ton article, il est vachement bien »... vous saviez que c’était gagné, qu’il était fier. C’est peut-être ridicule, mais j’étais fière quand il l’était de moi. Et je ne pense pas être la seule.

Philippe donnait confiance, non pas en narcissisant bêtement, mais en étant exigeant et bienveillant. Ce duo de bienveillance et d’exigence était le plus beau des cadeaux qu’on puisse faire. Il l’a fait à tant de personnes...

Philippe était un homme de conviction. Mais là aussi, s’il aimait convaincre, il aimait être convaincu. Oh, ce n’était pas toujours simple d’y parvenir. Mais cela vous obligeait à affûter vos arguments, et une fois qu’il avait fait une idée sienne, il la défendait corps et âme (là par exemple, il me dirait « Corps et âme, n’en rajoute pas s’il te plaît ! » en rigolant). Le principal était d’être cohérent ou d’assumer une incohérence, une contradiction, si celle-ci était justifiée. 

Il fut ainsi l’un des premiers à porter un discours n’opposant pas l’écologique au social. Un des premiers à porter dans le débat public la nécessité de passer du « toujours plus au mieux » et la post-croissance. Sans dramatiser la question de la transition écologique et sociale, il n’éludait aucune question difficile, à commencer par celle de l’emploi.

Philippe n’était pas un révolutionnaire de salon. C’était un réformiste radical. Il ne cherchait pas le grand soir, pour satisfaire son ego, mais les petits matins, pour que tout le monde vive bien. Il s’inquiétait du sort d’autrui. Toujours. Tout le temps. Son moteur, le bien vivre. Alimenter le débat, proposer des pistes de réflexion permettant de faire vivre la démocratie. 

Il se méfiait en outre de celles et ceux qui « savent ce qui est bon pour les autres ». En cela, il ne mâchait pas ses mots (nous revenons toujours aux mots avec lui...) vis-à-vis du manque de réflexion sur les libertés et la démocratie à gauche. Point de vue – comme tant d’autres – sur lequel je le rejoins.

Et puis il y avait tout le reste... l’essentiel ! L’amitié, la bonne bouffe (italienne bien sûr !), les blagues, les rires, les récits de ses voyages...

Nos déjeuners, nos échanges gais, enjoués, pleins de taquineries, de complicité et de désaccords surjoués vont tant me manquer. Je me sens si chanceuse et fière d’avoir été formée par toi « mon Philippe ». Et je ne suis pas la seule dans ce cas. J’espère un jour te dépasser. Tu es parti, mais je peux t’assurer que tes mots résonnent et résonneront chez beaucoup d’entre nous. Et que ton héritage tant intellectuel qu’humain vivra en nous. Il vit en moi.

Je pense très fort à ta famille dont tu étais si fier : Christine, Alexis et Alice.

Merci pour tout mon ami. Puisse chacun avoir la chance de croiser, un jour, un Philippe Frémeaux.

Aurore Lalucq est députée européenne

 

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