Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FOLIO DU BLANC-MESNIL
4 mars 2012

Fin de partie pour le foot business ou essayer de comprendre la polémique en cours

 

Au moment où nous écrivons cet article, BMS Football livre un match décisif contre l'ACBB, premier de la DH régionale, Nos amis sont deuxième, ils sont à la lutte pour la montée en CFA. Folio leur apporte son total soutien.

La lutte pour la justice fiscale, la lutte pour l'égalité, nous permettent de débusquer quelques problèmes occultés par le plaisir que nous avons à voir un bon match de football. La plupart d'entre nous ne voit que 22 joueurs, souvent exceptionnels, qui pratiquent un sport populaire qu'il est facile de pratiquer sur une place, sur une plage, dans un pré. Bref, nous voyons une compétition sportive et nous oublions que cela est devenue une immense industrie de spectacle, une immense usine à faire du cash. Je ne veux pas,ici, tuer le rêve, mais dans une période et sur un continent qui compte plus de 10% de sa population active au chômage, il serait judicieux, de la part de ceux qui nous font rêver, de ne pas nous réveiller pas trop brutalement pour nous faire voir l'envers du décor.

Je souhaite dire aux joueurs que on les met en avant pour les faire hurler à la spoliation, que ceux qui les poussent, le font à dessein et j'y reviendrais dans quelques lignes.

Je veux dire mon soutien aux joueurs, aux bénévoles qui font vivre ce sport dans nos villes et qui ne comptent pas leur temps et parfois leur argent pour permettre à 12,13,14 gamins de 6 ou 7 ans d'aller faire le match de leur vie à l'autre bout du département, car mine de rien, ce sont eux qui, en réalité, font vivre le football et préparent son avenir.

Pour fixer les choses, le salaire actuel de l'entraineur du PSG est de 6millions d'euros par an. Un an de son salaire représente 25 ans de subventions municipal au club de football du Blanc-Mesnil. Il me semble que ceux qui aiment le football devraient s'interroger sur ces rémunérations que je qualifierais, parce que je suis gentil, d'extravagantes.

Revenons au débat provoqué par la taxation à75% des salaires dépassant 1 million d'euros par an. Les présidents de clubs et autres responsables de la Ligue, vont utiliser ce débat comme une belle opportunité pour tenter de transférer les responsabilités qui sont uniquement les leurs vers les politiques.

Ceux qui aiment le football, et sont méfiant vis à vis des manipulations qui pourraient être organisées par la sphère financière et business de ce sport, doivent organiser le débat.

POURQUOI?

En effet, une révolution se prépare dans le football européen. Son nom: «  le fair play financier ».L'UEFA veut contraindre les clubs à davantage de discipline budgétaire. Et il y a de quoi: les équipes européennes s'enfoncent inexorablement dans des déficits et des dettes, alors même que leur chiffre d'affaires ne cesse d'augmenter.

En 2010, les 655 clubs de première division ont affiché des pertes records de 1,6 milliards d'euros + 36% par rapport à 2009. Plus d'un club sur deux 56% ont connu un résultat négatif. Et parmi les plus grands, ceux dont les revenus annuels sont supérieurs à 50 millions d'euros, cette proportion est même de 75%.

Au total les pertes cumulées sur les cinq dernières années s'élèvent à 4 milliards d'euros. Et celles-ci n'ont été épongées que partiellement. Alors que l'ensemble des actifs déclarés par les clubs s'élève à 21 milliards d'euros,les fonds propres des clubs se sont dégradés de 600 millions d'euros.

Les revenus du football n'ont pourtant pas baissé, au contraire. Le chiffre d'affaires des clubs a progressé plus vite que le PIB: Il est passé de 12 milliards d'euros en 2009 à 12,8 milliards d'euros en 2010 + 6,5%. La croissance moyenne sur cinq ans a été de 9%, notamment en raison de l'augmentation des recettes de diffusion TV +12% en 2010 par rapport à 2006.

La source de cette dégradation se trouve clairement du coté de la hausse des dépenses. Celles-ci sont passées de 9,2 milliards d'euros en 2006 à 14,4 milliards d'euros en 2010. le nombre de clubs dépensant plus de 100% n'a cessé de progresser: 55 en 2008, 73 en 2009, 78 en 2010. Une tendance qui tient d'abord aux frais de personnel qui ont augmenté de 14% par an depuis 5 ans, plus vite que les recettes, pour atteindre 8,2 milliards d'euros en 2010. Le libéralisme du mécanisme des transferts entraine des risques financiers. Ces risques sont du même type que les risques que comportent la spéculation financière. Pourtant cela ne calme pas les appétits des clubs.

Cette mécanique rappelle les bulles financières où quelques actifs- ,ici, les joueurs- sont privilégiés par les clubs- au motif que leur valeur est censée croitre toujours dans le futur. Jusqu'ici, cette valeur s'est, en effet, accrue du fait de l'afflux permanent d' investisseurs qui soutiennent la demande, bouclant ainsi un phénomène qui s'auto entretient et déjoue la régulation des prix.

Mais l'arbre ne monte pas jusqu'au ciel et la bulle du foot business semble sur le point d'éclater.

En 2010, le volume financier des transferts a décru, la crise a refroidi les ardeurs et de nombreux redoutent une diminution de certains revenus, notamment, des recettes de diffusion TV. Bref le moteur tousse et la baisse des revenus de transfert étrangle certains clubs ou les condamne à creuser leur dette.

C'est pour mettre fin à cette spirale infernale que l'UEFA a décidé d'imposer de nouvelles règles du jeu financier. Michel Platini veut contraindre les clubs à ne pas dépenser plus qu'ils ne gagnent, bien entendu, cela aura des conséquences au niveau des salaires des joueurs.

Nous constatons que l'idéologie ultra libérale détruit décidément tout ce qu'elle touche. Les dirigeants français du foot business, à l'image de Sarkozy, aimeraient ne pas en assurer la responsabilité des conséquences sociales de cette dérive spéculative. D'où leur vaine tentative de la transférer sur la gauche.

Pour nous le football que nous aimons, rassemble, crée du lien social.

 

Cet article vous le retrouverez plus précis et plus complet dans le n°311 de la revue Alternatives Économiques de mars 2011 sous la signature Thierry Pech

Publicité
Publicité
Commentaires
FOLIO DU BLANC-MESNIL
Publicité
Archives
Newsletter
FOLIO DU BLANC-MESNIL
Publicité