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FOLIO DU BLANC-MESNIL
24 janvier 2011

L’arnaque comme mécanisme de profit financier


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Profit, plus-value, exploitation, aliénation, voilà des notions devenues classiques dans le vocabulaire économique. Cette époque semble révolue car depuis quelques temps, disons 1990 pour indication, un nouveau moyen de réaliser des profits s’est mis en place. Il s’agit de l’arnaque. Le capitalisme classique ne fournissant plus les rendements exigés par les investisseurs, d’autres procédés ont été mis en place, associant le commerce, les mécanismes mercantiles, les investissements spéculatifs, les rendements provenant du crédit bancaire, le tout avec l’assentiment des Etats et même une étroite collaboration entre les élites gouvernantes et les dirigeants de la finance.

Une formule pour saisir en un coup d’œil le ressort de ces processus. Le capitalisme classique réalise de gros profits en exploitant, aliénant, asservissant les travailleurs. Le capitalisme financiarisé transgresse les limites de l’honnêteté en jouant sur les arnaques. Un peu facile me direz-vous mais examinons quelques faits et nous verrons si l’on peut considérer qu’une portion des profits réalisés par la finance repose sur une arnaque qui en fin de compte, s’avère légale puisqu’elle s’accommode des règles instituées, y compris des non règles qu’on désigne comme dérégulation, voire déréglementation. Oser affirmer qu’il y a arnaque, c’est entériner le fait qu’il existe une sorte de supercherie, voire de tromperie mise en place par des cercles et autres réseaux pour permettre au système de servir une classe d’intérêts et les préserver alors que les mesures prises par les gouvernants sont présentées comme servant l’intérêt public. Plus généralement, l’arnaque consiste aussi à travestir les chiffres, à pratiquer quelques combines, à s’arranger entre amis, à s’attribuer des revenus et autres prébendes sans que ce soit légitimé par un travail conséquent.

L’essence est vendue actuellement autour de 1.50 euros. On a pu entendre quelque journaliste en place annoncer, comme si c’était une évidence, que la faiblesse de l’euro explique ce prix à la pompe. Or, en comparant les données actuelles avec celles du pic pétrolier de 2008, on constate que le compte n’y est pas. Pendant l’été 2008, le baril était au dessus des 130 et même 140 dollars, avec un euro à 1.50. Actuellement, l’euro est à 1.30 c'est-à-dire pas vraiment faible et le baril à 90 dollars. L’essence est donc plus chère qu’en 2008, rapportée au prix de la matière première. Les raisons ? Il faudrait voir les détails. Deux mécanismes semblent se combiner, d’une part les taxes supplémentaires pour les collectivités locales et d’autre part, une augmentation du prix de vente par les compagnies pétrolières, rendue presque invisible après les quelques centimes gagnés pendant la fausse pénurie de novembre 2010 sur fond de fronde contre les retraites. Les gens ont été habitués à une essence plus chère et le fait accompli a été pratiqué par les groupes pétroliers sans que des voix ne s’élèvent. Il faut dire que nos chers journalistes, payés 15 000 euros par mois, ça ne les concerne pas, ces petits détails de la vie des gens ordinaire.

Les arnaques sont fréquentes et parfois, portent sur des sommes considérables. On ne lésinera pas à rappeler avec insistance le scandale du Lyonnais jamais élucidé, avec un coût faramineux pour les contribuables et bien évidemment, des anonymes qui ont empoché la contrepartie des pertes réalisées par cet établissement bancaire autrefois nationalisé. Le principe de Lavoisier (transposé) s’applique en pareille occasion. Les profits réalisés par les arnaqueurs se font aux dépends des arnaqués. L’arnaque est présente dans tous les rouages de la société. Y compris dans le monde des produits culturels. Un ancien présentateur de JT peut faire du profit en publiant sans en avoir les compétences une biographie de Hemingway écrite par un nègre et qui n’apporte rien de plus à la connaissance, mais apporte quelque notoriété à celui qui met son nom sur la couverture de l’ouvrage. Voilà donc un exemple d’arnaque tout ce qu’il y a de plus légal. Autre procédé, celui de ces jeux télévisés où il faut répondre à une question de neu neu pour gagner 500 euros en téléphonant à un numéro surtaxé. Nul ne sait combien se font piéger mais en admettant que 5000 téléspectateurs jouent le jeu moyennant deux fois 0.50 euros la surtaxe, cela donne au final 500 euros pour le gagnant et 4500 euros de bénef pour la chaîne. Pas mal comme arnaque, un jeu où un dixième des gains est redistribué au gagnant.

Mais ces petites entourloupes ne représentent rien par rapport à la plus grosse arnaque de tous les temps, enfin, disons que c’est relatif, il faut du recul pour analyser avec tous les éléments ce qui s’est passé depuis cette année 2007 où déjà, se dessinait la crise financière. Bien peu étaient au courant. On évoquait alors une année grise. Puis en 2008 une année noire. Et maintenant, nous en savons un petit peu plus, notamment grâce à un câble de Wikileaks commenté avec sagacité dans Le Monde. Une info très importante, majeure même, eu égard aux problèmes de notre époque, mais noyée dans la platitude des événements qui font tâche sur les médias, comme la guéguerre des primaires au PS ou le consensus sur les otages du Niger tués au nom de la raison d’Etat mais sans que cette raison ne soit invoquée. C’est là une autre arnaque.

Je reviens sur ces informations qu’on peut résumer simplement. La crise financière a laissé planer le doute sur une partie des dirigeants taxés d’incompétence. C’est facile comme excuse. En vérité, tous ces gens qui ont manœuvré, en usant de l’argent public, étaient des gens compétents mais soucieux de préserver des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt public. Ainsi fut gérée la crise financière, à l’insu de l’opinion publique manipulée à l’extrême et donc complètement arnaquée. Les chargés de communication peuvent bien s’en prendre aux méchants spéculateurs qui attaquent les dettes des nations européennes. S’il en est ainsi, c’est parce que les Etats ont manœuvré pour sauver la finance au dépend des populations qui, par le crédit, sont asphyxiées. En première ligne les contractants de crédits bancaires, puis en seconde ligne, la masse des contribuables dépecés de quelques euros indispensables pour remplir les caisses des investisseurs dans les dettes publiques.

Comme l’indique le billet du Monde, il n’y a pas des économistes compétents et d’autres incompétents mais tous sont au fait des choses financières. La seule différence, c’est que les uns sont au service d’intérêts privés, et les autres soucieux de l’intérêt public. Et le système fonctionne grâce à l’opinion publique qui opine car elle est dans l’ignorance, les justes étant écartés des lieux où se dessine l’opinion. Mais n’est-ce pas le propre de l’arnaque que de jouer sur un travestissement ou une dissimulation de l’information. Comme dans une transaction où un vendeur sait pertinemment qu’une automobile a un défaut mais le cache. Lors de la crise financière, les ressorts et les intentions des dirigeants n’ont pas été divulgués et le clampin moyen n’a reçu que la vulgate livrée par les arnaqueurs au pouvoir.

 

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