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FOLIO DU BLANC-MESNIL
10 juillet 2010

L'OREAL ET NESTLE

Dans le débat actuel de ce qu'il convient d'appeler l'affaire Bettencourt/Sarkozy/Woerth, la droite a mis en avant la nécessité, pour notre pays, de protéger ses intérêts économiques en évoquant l'avenir de l'entreprise L'OREAL.

En effet, personne n'ignore la qualité, l'importance de cette entreprise, la première au monde dans sa spécialité, en Seine Saint Denis, plus qu'ailleurs où des centaines et des centaines de salariés ont contribué, par leur travail quotidien, au succès et à la renommée de celle-ci.

Pour tenter de détourner le débat sur ses turpitudes, la droite évoque la possibilité que ce fleuron de l'industrie nationale passe sous le contrôle de la puissante société helvétique Nestlé. Elle en profite pour stigmatiser les propositions de la gauche et du programme commun de 1973.

L'accord entre la famille Bettencourt et la Société Nestlé a été conclu le 22 mars 1974. Comme chacun peut s'en douter cela ne peut-être que le résultat de longues et très sérieuses négociations. Les premiers contacts datent de 1967, ils se confirmèrent dans les années 1970.

En 1969, Georges Pompidou, nouveau Président de la République, dont chacun se souvient de son intérêt pour le développement industriel de notre pays, indique à la famille Bettencourt ses préoccupations sur la nécessité, pour assurer la pérennité de L'OREAL, de trouver un partenaire.

Comme vous le voyez à cette époque la question était de fond et avait un caractère de stratégie industrielle. Chacun se souvient aussi qu'en 1969 la gauche institutionnelle était en pleine débâcle.

Certes, en 1973 le programme commun était devenu réalité, mais soyons sérieux qui peut croire une seule seconde qu'en 1974, dans l'éventualité de son élection, François Mitterrand aurait nationalisé L'OREAL, entreprise avec laquelle il avait tant de liens.

L'accord signé le 22 mars 1974 est un échange d'actions. Au terme de cet échange, Gesparal, une société holding qui appartenait déjà à madame Bettencourt, devenait actionnaire majoritaire de L'OREAL, le capital de Gespéral étant lui même détenu à 51% par Mme Bettancourt, les 49% restants étant confiés à Nestlé. En échange, madame Bettancourt recevait 115910 actions Nestlé soit 4,06% de son capital.

Dans le même temps, les nouveaux partenaires s'engageaient à ne pas vendre,aliéner, transférer ou nantir de quelque façon que ce soit leurs actions Gesparal pendant un délai de 20 ans. A cette occasion André Bettencourt et François Dalle entraient au conseil d'administration de Nestlé.

Bref, il ne s'agissait pas de se protéger d'une hypothétique nationalisation mitterrandienne, mais d'une alliance stratégique qui, cerise sur le gâteau, permettait de transférer en Suisse une partie de la fortune de l'héritière d'Eugène Schueller.

Cet accord est renouvelé en 1994 et 2004 avec la fusion de L'OREAL et de Gespéral. En 2009 les deux parties L'OREAL et Nestlé conviennent qu'elles peuvent céder leurs titres librement avec toute fois un droit de préemption jusqu'en 2014.

A l'occasion du centenaire de la fondation de L'OREAL 1909/2009 un livre a été écrit par Jacques Marseille, celui-ci conclut le chapitre concernant cet accord capitalistique: «  le contrat de mariage entre l'entreprise suisse fondée en 1867 par Henri Nestlé, un chercheur-né féru de chimie et l'entreprise fondée 1909 par Eugène Schueller repose sur un respect mutuel qui dépend désormais de la petite-fille du fondateur et de son mari Jean-Pierre Meyers. Ils se préparent, selon la formule, à prendre désormais leurs responsabilités. Selon toute vraisemblance, ce bijou du capitalisme familial n'est pas encore à vendre. »

Le capital de L'OREAL est aujourd'hui détenu à 30,8% par Liliane Bettencourt et sa famille, à 29,6% par le groupe Nestlé, à 36,4% par le public, auxquels s'ajoutent 3,2% d'actions autodétenues sans droit de vote.

Au travers de ces quelques informations, nous percevons bien que Sarkozy et son équipe sont aux abois en utilisant pour de basses intrigues politiciennes la structure du capital de cette entreprise. Sans surprise, ils choisissent le passé, sans surprise ils n'ont qu'une vision à court terme, sans surprise ils révèlent leur incompréhension de la réalité d'une entreprise industrielle et derrière tout cela c'est l'avenir de milliers et de milliers d'emplois qui se joue.

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