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FOLIO DU BLANC-MESNIL
21 mai 2021

Face au débat délétère sur la sécurité, mobilisons-nous pour défendre notre République et ses valeurs

Republique symbole

Ecrire sur la sécurité est un exercice périlleux, surtout quand cette question refait la une des médias et, plus particulièrement, des médias audio-visuels. Cette question revient toujours à la une lorsque le gouvernement en place est en difficulté. C’est encore plus vrai quand sa politique économique et sociale est une longue série de mauvais résultats aggravant les inégalités. Le taux de chômage, le taux des peronnes vivant sous le seuil de pauvreté augmentent aggravés par la baisse des moyens dans les hôpitaux, les écoles et les commissariats de police, il y urgence à faire des diversions

La police a été abîmée par le manque criant de moyens, par la suppression de la police de proximité, par une formation affaiblie et subit la baisse générale de la présence de l’État, des services publics dans de nombreux territoires. Ce sont bien les logiques néo-libérales qui sont la source principale des souffrances des policiers.

Mais, nous devons refuser l'instrumentalisation de la question de la sécurité. Si le sentiment d'insécurité existe et ne pas doit être négligé, il nous faut essayer de construire un débat qui s'appuie sur des faits, sur la réalité. Ce qui apparaît c'est que le sentiment d'insécurité augmente en fonction des intérêts de ceux qui vont en tirer bénéfice pour mettre en place des politiques qui n’ont rien avoir avec la question de la sécurité.

La question de la sécurité est conduite, bien souvent, pour faire croire que le gouvernement agit en proposant une série de lois nouvelles, pour occuper l'espace médiatique. Il convient de noter que ces lois nouvelles, dans la plupart des cas, ne sont jamais accompagnées par les décrets et les moyens nécessaires pour les rendre utiles et efficaces. Faire croire qu’une politique pénale encore plus répressive, que casser le monopole de la justice sur la police (principe fondamental de la séparation des pouvoirs) pour donner encore plus de droit à l’exécutif et à l’administration seront des solutions, c’est se leurrer et leurrer les policiers.

Maintenant, si nous regardons la réalité, nous sommes loin d'être confrontés à une augmentation de violence dans notre pays. Regardons les chiffres. Il y a 25 ans, nous constations 1200 morts violentes par an et aujourd'hui nous en sommes à 900 par an. Certes, cela est encore beaucoup trop, mais cela représente une baisse de 25%, alors que la population de notre pays a augmenté de 14%. Nous faisons les mêmes constats en ce qui concerne les policiers. En effet, le risque de décès d'un fonctionnaire de police était en 1989 de 20/100 000 quand aujourd'hui ce risque est de de 6/100 000. Ces chiffres nous montrent une baisse évidente de la violence. Reconnaissons ensemble qu'il est quand même un peu curieux que cette statistique qui souligne une situation positive ne soit pas mise en exergue par ceux qui nous gouvernent.

banque mondiale tentatives intentionnelles

Bien entendu, chacun de nous peut expliquer que le sentiment d'insécurité ne se développe pas sur les crimes de sang, mais sur les vols, la délinquance provenant de la vente des produits illicites, drogues de toutes natures. Il n'est pas question de nier cette question, qui, nous le savons, est un grave problème qui perturbe le bien vivre ensemble.

Mais, nous savons aussi que la vente de produits illicites, cannabis, cocaïne, héroïne, participe à l'existence d'une certaine paix sociale dans les espaces parcourus par une multiplication de problèmes.

Aujourd'hui, il y a en France environ entre 4,6 et 5 millions de consommateurs de cannabis. Il s’en consomme environ 354 tonnes par an. Les actions des forces de l'ordre arrivent en moyenne à en saisir 20%. Ce marché illicite génère un chiffre d'affaires de 3,6 milliards d'euros par an. Ces chiffres donnent le tournis si on les compare au budget du ministère de la cohésion des territoires qui est de 5,5 milliards d'euros, ou à celui de la culture qui est de 3,9 milliards d'euros. De même, ces 3,6 milliards représentent un tiers du budget de la justice et un quart du budget de la santé solidarité.

Nous ne devons pas être dupe l'énormité de ce chiffre d'affaires qui alimente une économie souterraine et qui au-delà des questions morales qu'elles posent fait vivre une multitude de commerces légaux. De plus, ne nous voilons pas la face, les sociétés de logements sociaux participent du blanchiment de cet argent illicite.

Lorsque que de telles masses d’argent illégal sont en circulation et que par nature, cette circulation est sans règle, la seule qui s'impose dans ce marché c'est la violence.

Selon un rapport produit par une commission parlementaire présidée par un membre de la majorité présidentielle, notre pays est celui qui a le plus fort taux de consommateurs de cannabis et pourtant nous avons la législation la plus répressive d'Europe. Ce rapport parlementaire pose et propose la légalisation de la vente du cannabis récréatif. Il base aussi son argumentation sur des études qui auraient été faites dans des pays ayant fait ce choix et qui révèlent une importante et réelle baisse de la délinquance.

Pourquoi Folio aborde cette question dans le cadre de cet article ? D'abord parce le débat en cours a pour point de départ la mort d'un policier sur un point de deal et parce qu'il souhaite que les citoyens puissent s'approprier ce débat important. Ensuite, il sert à mettre en exergue qu'en matière de sécurité comme sur un grand nombre de sujets les réponses efficaces ne peuvent pas être toutes noires et toutes blanches. En effet, en matière de lutte pour la sécurité, il faut que la société civile sache bâtir des propositions qui auront une efficacité réelle sur le long terme. Par ailleurs, si la réponse de plus en plus répressive était un succès, cette question aurait été réglée depuis longtemps. Or il n'en est rien.

Dans ce cadre, il nous faut nous interroger sur les réponses de celles et ceux qui ne proposent que la répression. Ce discours masque la vraie réalité de leur politique. L'économie souterraine est pour eux une aubaine, une aubaine de court terme certes, mais une aubaine. Sa disparition mettrait de manière encore plus évidente la réalité de leurs choix de réduction des dépenses publiques. Sans l'économie souterraine, la détérioration du vivre ensemble et des conditions de vie dans un certain nombre de quartiers seraient tellement visibles qu'il faudrait aux néo libéraux investir massivement pour réduire les plaies béantes de leur politique sociale, économique, éducative et culturelle. En ne proposant que la répression, ils maintiennent un haut niveau de délinquance qui leur permet d'utiliser l'insécurité pour poursuivre leur politique de prédation et de destruction du contrat social qui fonde la République.

Pour conclure, nous devons aussi nous interroger, sur la compassion à géométrie variable, la compassion cynique. Des heures et des heures sur la mort inqualifiable de deux fonctionnaires de police qui, rappelons-le au passage, sont aussi victimes des politiques de réductions des dépenses publiques, en revanche rien sur une assistante sociale tuée ,elle aussi, dans le cadre de sa fonction, rien ou si peu sur les 42 femmes tuées depuis le début de l'année par leur conjoint ou ex conjoint, mortes, elles aussi, faute des moyens nécessaires à la police et la justice. Enfin, comment ne pas s’insurger contre le silence assourdissant des 500 morts par an d'accident du travail.

Comme vous le voyez, celles et ceux qui nous gouvernent n'abordent la question de la sécurité que par l'angle qui leur permet de protéger leurs intérêts et ceux de la finance mondialisée. Il n’est donc pas étonnant que les médias du CAC 40 mettent tout en œuvre pour occulter un vrai débat sur la sécurité et évitent ainsi de nous proposer un débat sur l'urgence d'une profonde réforme de l'action des forces de l'ordre pour refaire revivre en leur sein le projet républicain.

Nous ne devons pas ignorer, que des forces puissantes sont à l'œuvre. Les manœuvres en cours sur la question sécuritaire sont d'une extrême gravité. Ces forces sont celles qui sont à la solde de la finance. Elles sont prêtes à remettre en cause toutes les libertés civiques et démocratiques.

La République est en danger. Les discours et les prises de position remettent en question l’un des articles de la première Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui deviendra alors caduc dans le pays même où elle fut énoncée en 1789 : « La garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique, cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée. »

Dans ce moment où les valeurs essentielles de la République sont piétinées, sous couvert d'un débat sur la sécurité, il nous faut être vigilant. Les organisations de droite extrême et d'extrême droite sont à l'œuvre pour abattre la République, pour livrer son peuple à l'oligarchie financière afin qu'elle puisse élargir sans contrainte ses sources de profits.

Il est temps que la gauche et l'écologie s'emparent de la question de la sécurité à partir d'un point de vue s'inscrivant dans la perspective d'une alternative transformation sociale et écologique sans céder aux chants des sirènes ni à la facilité. Il ne peut y avoir de réponses simples ni simplistes à des sujets complexes.

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