La catastrophe des exonérations de cotisations sociales. Guillaume Duval

La catastrophe des exonérations de cotisations sociales

Les comptes de la sécurité sociale publiés en juillet dernier explorent en détail la politique française (stupide) suivie avec une impressionnante continuité par tous les gouvernements successifs depuis 30 ans (de gauche comme de droite) qui a consisté a exonérer toujours davantage de cotisations sociales les salaires à proximité du SMIC.

Cette politique a eu de multiples conséquences très négatives pour l'économie et la société française.

️Elle a tout d'abord puissamment contribué à creuser structurellement les déficits publics et à accroître la dette publique.

Elle a ensuite puissamment encouragé la smicardisation de l'emploi en France. Nous sommes en effet un des pays développés où la concentration des emplois au bas de l'échelle des salaires est la plus forte.

Cette smicardisation de l'emploi a touché en particulier les jeunes que les politiques publiques s'efforçaient parallèlement de pousser plus loin dans les études, créant ainsi un sentiment (justifié) de déclassement généralisé socialement et politiquement dévastateur.

Les effets de cette smicardisation ont été de plus aggravés par ce qu'on appelle la "trappe à bas salaires" : comme les cotisations sociales augmentent rapidement quand les salaires s'éloignent du SMIC, les employeurs sont fortement désincités à accroitre les salaires des smicards (si ils augmentent leurs salaires de 10 %, le coût du travail pour eux augmente de 20%). Résultat : non seulement on crée surtout des emplois au SMIC mais en plus les gens y restent. Pas étonnant qu'ils se mettent à voter Rassemblement National en constatant cette impasse voulue et organisée par la droite et la gauche "de gouvernement".

Enfin cette politique porte une très lourde responsabilité dans la désindustrialisation de la France. Elle consiste en effet à subventionner le secteur des services (où se concentrent les smicards), qui est relativement protégé de la concurrence internationale, aux dépens des industries, en concurrence directe sur le marché mondial, où il y a davantage d'emplois qualifiés payés au dessus du SMIC. En effet, la baisse des cotisations sociales a proximité du SMIC est compensée en partie par une hausse de ces cotisations sur le travail qualifié.

Bref, les inspecteurs des finances et les économistes néoliberaux qui ont poussé en ce sens depuis 30 ans ont eu tout faux socialement, économiquement et politiquement. Cette politique porte en effet une responsabilité centrale à la fois dans la désindustrialisation du pays, dans la dégradation des comptes publics et dans la montée de la désespérance sociale et de l'extrême droite.

Pour en savoir plus :

https://www.securite-sociale.fr/.../CCSS-Fiche.