Une épidémie de syndromes hémolytiques et urémiques frappe actuellement la France, suite à la consommation de pizzas de la marque Buitoni. Il sont liés à une contamination à la bactérie Escherichia coli. Contactée par France Inter, une épidémiologiste évoque "un événement de très grande ampleur".

Illustration de la bactérie Escherichia coli (jaune, en forme de bâtonnet) trouvée dans l'intestin.Illustration de la bactérie Escherichia coli (jaune, en forme de bâtonnet) trouvée dans l'intestin. © AFP / CHRISTOPH BURGSTEDT / SCIENCE PHOT / CBR / SCIENCE PHOTO LIBRARY

La France connaît depuis fin février une recrudescence de cas de syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) liés à une contamination à la bactérie Escherichia coli. Ces cas, qui provoquent une insuffisance rénale, se manifestent chez les enfants. Selon Santé Publique France, 75 cas sont en cours d'investigation à la date de ce mercredi, dont 41 pour lesquels des syndromes hémolytiques et urémiques "similaires" ont été identifiés, et 34 pour lesquels des analyses supplémentaires sont en cours. Les enfants malades sont âgés de 1 à 18 ans. Les autorités sanitaires ont établi un lien entre des pizzas surgelées de la marque Buitoni, du groupe Nestlé, et plusieurs cas graves de contamination par la bactérie Escherichia coli. Deux enfants sont déjà morts.

"C'est un événement de très grande ampleur"

Sur les 41 cas, les trois quarts des familles ont confirmé avoir consommé les pizzas Fraich'up de la marque Buitoni, confirme Santé Publique France. Contactée par France Inter, Gabrielle Jones, épidémiologiste à Santé Publique France, déclare qu'il s'agit de "l'épidémie de la plus grande ampleur jamais été décrite en France".

Environ 160 syndromes hémolytiques et urémiques sont signalés chaque année à Santé publique France. "**Là, nous sommes déjà à la moitié de ce qu'on observe habituellement sur une année",* s'inquiète-t-elle. "Avec 41 cas que l'on appelle 'épidémiques', il s'agit du nombre le plus important de cas reliés à une même épidémie qu'on a jamais observé*".

Gabrielle Jones précise que le syndrome hémolytique et urémique est "rare mais grave".

Il peut y avoir des complications associées qui touchent le cœur et le cerveau, et on peut avoir également des séquelles assez importantes qui peuvent durer, voire des décès, ce qu'on a malheureusement dans le cadre de cette épidémie.

Nestlé évoque "une éventuelle contamination au niveau de la pâte"

Concernant les raisons de cette épidémie, "nous explorons différentes hypothèses pour savoir comment les contaminations ont pu se produire malgré la cuisson de la pizza. Cela peut être la manipulation de la pizza pas encore cuite", explique l'épidémiologiste. "C'est une bactérie qui résiste bien au froid, mais qui est normalement tuée par la cuisson. C'est pour cela que cette épidémie est très inhabituelle". Des " investigations sont en cours ".

Le Professeur François Xavier Weill dirige à l'institut Pasteur, le centre de référence qui séquence tous les cas d'E coli en France. D'après lui, habituellement, c'est plutôt dans les steaks hachés, les fromages au lait cru que la bactérie est retrouvé. Le lait, la viande sont contaminés par les matières fécales des bovins par exemple. La pizza, c'est assez atypique reconnait le chercheur, même si récemment des cas de contaminations par des farines ont été observés aux Etats-Unis.

De son côté Nestlé "se pencherait plutôt vers une éventuelle contamination au niveau de la pâte" a déclaré ce mercredi le directeur général industriel de Nestlé France, Jérôme Jaton. "Ayant de la farine, qui est un produit agricole, il y a des risques d’avoir de l’escherichia coli dans la farine. Nous allons travailler là-dessus." Il a également expliqué que les deux lignes de l'usine de Caudry "sont à l'arrêt" et qu'"un plan d’analyse" est en préparation. Toutefois, il estime que le processus de contrôles sanitaires n'a rien révélé d'anormal. En tout cas, "si vous avez des pizzas Fraîch’Up dans votre réfrigérateur, ne les consommez pas et jetez-la" a précisé Jérôme Jaton.

Etre extrêmement vigilant en cas de symptomes

Les autorités sanitaires rappellent la nécessité de consulter un médecin en cas d'apparition, dans les dix jours après la consommation de la pizza, de diarrhées, douleurs abdominales ou vomissements. La consultation s'impose aussi si, dans les quinze jours, apparaissent des signes de grande fatigue, de pâleur, ou une diminution du volume des urines, qui deviennent plus foncées. "En l'absence de symptômes dans les 15 jours suivant la consommation, il est également rappelé qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter", conclut la Direction générale de la santé.