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FOLIO DU BLANC-MESNIL
21 février 2021

La France en quête de relocalisations industrielles… encore laborieuses. Nos lendemains

Quand en 2008 la crise des subprimes s’est abattue sur la France, Nicolas Sarkozy s’était juré qu’aujourd’hui ne serait plus comme hier, finis les comportements erratiques des banques et autres financiers. Car au final, c’est toute la société française qui a dû venir à la rescousse de ces requins et coquins, par un creusement de la dette publique et, en suivant, une augmentation générale des impôts pour tous. Avec le déboulé brutal du Covid 19, les promesses de l’exécutif reprennent, à l’envi, les mêmes discours rassurants, mais sur un autre registre : le retour dardar des entreprises en France, et pas seulement les essentielles. Un an après les débuts de la crise sanitaire, un premier bilan peut être fait ; le pays n’assiste pas encore au retour massif de ses plus beaux fleurons. Pas plus que le reste de l’Europe d’ailleurs.

Sur ce terrain de la relocalisation, certaines grandes marques se sont fait remarquer en médiatisant leur retour en mère-patrie. Le Coq Sportif s’est situé dans le peloton de tête des entreprises ayant tenté le pari du retour en terres de productivité et de protection sociale élevées. Son directeur textile, David Pécard, explique ainsi la décision du groupe : « Nous nous sommes lancés dans la fabrication de masques pendant la pandémie. Nous avons ainsi scellé des partenariats avec des ateliers basés dans l’Aube pour en produire davantage. Aujourd’hui, nous souhaitons pérenniser ces accords et même diversifier l’activité confiée à nos nouveaux partenaires tricolores ». De son côté, la marque Harry’s, spécialisée dans la fabrication de mie de pain et de brioche, offre une version plus éthique au retour de sa production en France. « Cet investissement est un signal positif envoyé à nos salariés très mobilisés pendant toute la période, à nos partenaires, aux distributeurs et aux agriculteurs. La crise sanitaire conforte nos choix d’implantation de nos sites industriels au plus près de nos filières agricoles. Elle nous incite à vouloir aller encore plus vite et plus loin », justifie le directeur du groupe en Europe, Miloud Benaouada. Des petites start-ups envisagent à leur tour de revenir au pays, avec la bénédiction et l’aide de l’État.

Relocaliser les industries pharmaceutiques d’urgence

Le gouvernement a conscience de cet engouement, même modeste et hésitant, des entreprises en quête de retour, mais inquiètes des difficultés. Pourtant, l’installation en France comporte quelques atouts majeurs susceptibles de convaincre : des rapidités de livraisons, une souplesse d’organisation, une fiabilité des partenaires, un coût du transport allégé, des salaires stables, et une bonne réputation de production en France. Et pour rassurer ces acteurs économiques, l’État met la main à la poche… Toujours le quoi qu’il en coûte ! Il vient de débloquer un milliard d’euros pour favoriser et développer les relocalisations d’activités, notamment industrielles, grandes pourvoyeuses d’emplois en ces temps de plans sociaux. Dans cette perspective, le ministre de l’Économie, et surtout de la Relance, s’est voulu résolument optimiste lors d’une visite, cet été à Hendaye : « Nous allons mettre, de ce point de vue là, un milliard d’euros dans le plan de relance pour financer des appels à projet pour les entreprises qui voudraient relocaliser. Toute entreprise industrielle qui voudrait relocaliser son activité en France. Relocaliser, ce n’est pas faire revenir des productions à faible valeur ajoutée en France ».

Rétrospectivement, et malgré les efforts du gouvernement, il y a encore loin de l’eau à la bouche. Les relocalisations se font encore au compte-gouttes. Surtout, les économistes estiment qu’il faut cibler les entreprises à draguer, productrices de bien essentiels, en contexte de pandémie, comme les masques et surtout les médicaments localisés notamment en Inde et en Chine. En début de crise épidémique, les Français ont été surpris d’apprendre que 80% des principes actifs utilisés sont fabriqués dans ces contrées lointaines, entrainant même des pénuries sur le paracétamol. Tandis que Sanofi, maintenant internationalisée, vient d’annoncer que son vaccin contre le coronavirus ne sortirait… Qu’en 2022, un peu après la guerre. En la matière, les autorités publiques devront se montrer radicales, en participant à l’acte de production. Ce que résume le professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine, spécialiste des relocalisations, El Mouhoud Mouhaoud : « Sortir du marché les produits pharmaceutiques est possible, mais il faut nécessairement le faire au niveau européen. Et si l’on souhaite planifier la production de médicaments, il faut bien prendre la mesure de cet investissement, qui revient à créer l’équivalent du Commissariat à l’énergie atomique pour les médicaments. »

 

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