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FOLIO DU BLANC-MESNIL
30 décembre 2020

La financiarisation sournoise des laboratoires d'analyses.

ballons envol

La crise sanitaire a eu le mérite de mettre en lumière la perte d'indépendance de la France en matière de production de molécules et de médicaments. Il est cependant un autre domaine, tout aussi important, qui n'a pas fait la une de la presse. Il s'agit de la transformation de la gouvernance et de la propriété des laboratoires de biologie médicale dont dépend la détection des cas positifs, l'un des pilliers de la stratégie de la lutte contre le Covid 19.

L'image du médecin propriétaire d'un laboratoire de quartier indépendant et employeur de quelques laborantins ne correspond plus à la réalité. Les laboratoires sont désormais organisés comme les supermarchés.

Le changement a été préparé par la loi du 31 décembre 1990 instituant des sociétés d'exercice libéral (SEL), devant permettre aux laboratoires de se financer plus facilement. Un rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (Igas) publié en 2006 jugeait qu'il fallait rationaliser et consolider le secteur. Le tournant des années 2010 et l'afflux de liquidités sur les marchés ont été l'occasion de passer à l'acte.

L'ordonnance du 13 janvier 2010, ratifiée par la loi du 30 mai 2013 portant réforme de la biologie médicale qui visait à donner une visibilité européenne à celle-ci, entérime a financiarisation de cette activité en France.

Elles permettent de réunir dans une entité unique très fortement automatisée des structures multisites regroupant des dizaines, voire des centaines de laboratoires.

La "loi Macron" de 2015 permet que le capital d'un laboratoire de biologie médicale soit majoritairemnt détenu par des biologistes exerçant au sein d'un SEL. elle a ainsi ouvert la voie à la constitution de majors où un financier détient 49% du capital, alors que plusieurs biologistes dispersés, en général un par laboratoire, se partagent 51% du reste.

Dans un important mouvement de concentration, le nombre de structures, selon un rapport des Académies nationales de médecine et de pharmacie est passé de près de 5000 en 2008 à moins de 900 en 2018.

A la manoeuvre, on trouve d'abord les fonds de private équty*internationaux. C'est notamment le cas de Cerba, le leader français de la biologie de spécialités détenu par fonds d'investissements PAI Partners après avoir subi sa quatrième opération de LBO* en 2017. Face à ces géants les laboratoires indépendants n'ont eu que la solution de se constituer en réseau de franchisés-Les biologistes indépendants-, de manère à réduire leurs coûts fixes, y compris mutalisant les équipements.

Ces laboratoires géants soumis à des contraintes financières et administratives de plus en plus strctes pour dégager une plus forte rentabilité regroupent parfois plusieurs centaines ce sites autour d'un ou de quelques plateaux techniques automatisés rassemblant des equipements très coûteux.

Ce découpages est incompatble avec l'accès de tous à une médecine de qualité, qui requiert un bon maillage territorial. Et en cas d'afflux massif de prélèvements, il crée des goulots d'étranglement qui augmentent la durée d'obtention des résultats.

C'est donc, en partie, à cause de ce contexte financier que les délais d'obtention des résultats des tests de Covid 19 ont pu dépasser la semaine.

 

Par Nadine LEVRATTO, économiste.

Alternatives Economiques n° 408.

*-capital-risque ou capital investissement.

*-Rachat avec effet de levier.

 

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