BENOÏT HAMON REPOND A LA LETTRE AUX EUROPEENS DE MACRON

Emmanuel Macron a réussi le concours de l’ENA et cela se voit. Un bon énarque est toujours un as des compilations. Le programme d’Emmanuel Macron pour l’Europe emprunte à tous. Il récupère la banque du Climat proposée par Jean Jouzel quand la France ne respecte même pas les engagements pris lors des accords de Paris de réduction de ses émissions de carbone. ll récupère la proposition de Génération.s de créer une police sanitaire et environnementale européenne tandis qu’il réduit de 10% les effectifs de la DGCCRF en France. Il s’aligne sur les thèses sécuritaires de la droite et de l‘extrême-droite pour appeler au contrôle rigoureux des frontières et il évoque simultanément la renaissance d’une Europe dont il a contribué à enterrer le message universel en interdisant à l’Aquarius de débarquer ses passagers persécutés et sauvés d’une mort certaine en Méditerranée. Il réclame plus de protection là où il se montre volontairement impuissant face aux échecs industriels de Ford, Ascoval ou encore des fonderies du Poitou. Il propose un bouclier social quand la France signe le CETA et soutient tous les accords antisociaux de libre-échange.

De la remise en cause des politiques d’austérité, on ne trouve nulle trace dans son programme. Pourtant, le cœur du mal européen est là : dans la poursuite absurde de ce dogme comptable qui nie les cycles économiques et éteint toute ambition politique. Cette politique de rigueur budgétaire qui empêche les Etats d’investir dans la transition écologique et de maintenir un haut niveau de service public et de protection sociale reste le cœur de la doctrine européenne.

Voilà le drame. L’Europe est la seule échelle pertinente pour résoudre les problèmes qui nous sont posés : défi climatique, évasion fiscale, sécurité aux frontière et terrorisme, crise humanitaire en Méditerranée. Les Etats membres, isolément, sont impotents et, sur le modèle français, singent une puissance qu’ils n’ont plus. L’Europe nous rend libres de faire des choix, de décider de notre avenir. A condition seulement que ceux qui la dirigent, libéraux et conservateurs, acceptent le principe d’un débat démocratique authentique et ne le détournent pas en résumant l’élection européenne à un choix entre libéraux et nationalistes. L’alternative n’est pas entre la poursuite des politiques de dérégulation d’un côté et le repli nationaliste de l’autre.

Il existe une voie écologiste, sociale et européenne. Ses thèses se répandent et se renforcent dans toute l’Europe : New deal vert, interdiction des produits chimiques et pharmaceutiques dangereux pour la santé et la nature, taxe robot européenne ou ISF européen, convergence sociale en Europe, hospitalité à l’égard des réfugiés et révision des accords de Dublin, intégration de l’IVG au socle des droits fondamentaux de l’Union, révision des traités pour injecter de la démocratie dans le quotidien de l’Union européenne. Ce sont les propositions du Printemps Européen, représenté en France par le Mouvement Génération.s.  L’espoir revient en Europe, il n’a ni le visage du libéralisme obsolète de M. Macron ni celui du nationalisme stérile de Mme Le Pen, mais celui de la gauche écologiste et sociale européenne.

Benoît Hamon