«Victoire, c’est peut être un grand mot, mais en tous cas c’est très positif». Bernard Loup, le président du Collectif Pour le Triangle de Gonesse, veut rester prudent. Mais, de son propre aveu, lui et d’autres opposants à EuropaCity ont arrosé la nouvelle.

EuropaCity, le projet de centre commercial pharaonique étalé entre Paris et l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, au nord de la capitale, est au centre d’une enquête publique. Conclusion ? Le commissaire-enquêteur Ronan Hébert a émis un avis défavorable au projet. Bien qu’il soit non-contraignant, les opposants veulent y voir une opportunité pour l’ouverture d’un débat démocratique. D’autant que le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, avait déjà estimé que cet aménagement de la zone agricole du Val d’Oise, au coeur du projet du Grand Paris, n’était pas compatible avec son plan climat lors d’une conférence de presse début juillet.

Sur 213 pages, le commissaire-enquêteur passe en revue tous les aspects du projet : impact environnemental, enjeux sociaux et économiques, retombées en terme d’emplois, etc. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les réserves ne manquent pas.

 

Bétonisation et menace sur les villes voisines

Dans les grandes lignes, Europacity est décrit comme «un projet peu compatible avec la notion de développement durable». Pas vraiment surprenant, quand on sait qu’il s’agit de la bétonisation de 80 hectares de terrain pour y faire fleurir des milliers de mètres carrés de chambres d’hôtels, de commerces, de salles de spectacles, de restaurants ou de parcs de loisirs. Un projet gigantesque porté par Auchan et son partenaire chinois Wanda pour un coût qui devrait dépasser les 3 milliards d’euros.

Mais pour quels retours économiques ? Ici encore, le commissaire-enquêteur se montre sceptique. Il estime ainsi, dans ses conclusions, que «la création d’emplois et de richesses annoncée est mise à mal par des études extérieures», et que celle-ci se ferait au détriment des territoires voisins. Comprendre, le projet menace de tuer les commerces et le tissu économique des villes limitrophes. En terme d’emplois, «les objectifs en [la] matière sont peu compatibles avec le niveau de formation locale».

Du côté de la mairie de Gonesse, favorable au projet, on préfère balayer ces doutes. «Les conclusions du rapport ne sont pas de nature à remettre en cause le principe de l’aménagement du Triangle de Gonesse ni à même d’entacher la détermination de la municipalité», peut-on lire sur le site de la ville, qui annonce au passage qu’elle fera connaître sa position début septembre. Bernard Loup n’a pas trop d’espoirs de ce côté là. «On s’attend à ce que le maire passe outre l’enquête, il sera surement le dernier à comprendre qu’il ne faut pas faire ce projet, se désole l’opposant, mais ça devrait faire réfléchir».