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FOLIO DU BLANC-MESNIL
18 janvier 2017

Région Ile de France: une gigantesque affaire de corruption sur fond de spéculation Immobilière. paru dans l'OBS

Toute l’histoire se déroule à quelques kilomètres de Paris, à peine. Parmi les protagonistes figurent surtout des maires. Mais aussi un promoteur immobilier richissime, sympathique, chaleureux, aimant les courses de chevaux, les voyages au Portugal et l’argent. Ainsi que certains représentants de l’Etat en Ile-de-France : préfet, commissaire de police…

Ce beau petit monde est aujourd’hui dans le viseur des enquêteurs de l’inspection générale de la police nationale (l’IGPN, surnommés les bœufs-carottes), qui tentent depuis un an et demi de comprendre comment cette petite société s’est organisée, bien souvent au mépris de la loi, pour s’enrichir personnellement sur fond d'argent public.

D’après nos informations, deux élus ont été placés en garde-à-vue ce mercredi 18 janvier dans le cadre de l'information judiciaire ouverte au départ pour des faits de blanchiment, faux et usage, abus de bien social et qui s'est élargie à de la corruption et du trafic d'influence. Cette enquête, dans un autre de ses volets, a déjà éclaboussé il y a environ un an le préfet Alain Gardère, un ex-proche de Sarkozy et mis en examen pour corruption.

D’autres maires doivent être entendus dans les prochains jours. Le patron du groupe immobilier France Pierre, Antonio de Sousa, 68 ans, a lui déjà été mis en examen pour corruption, abus de bien sociaux, et complicité, trafic d’influence. Sa société est l'une des plus importante en Ile-de-France : elle revendiquait un chiffre d’affaires de plus de 80 millions d’euros en 2014, grâce notamment à de très nombreux marchés publics. L’enquête déjà tentaculaire, à laquelle "l’Obs" a pu avoir accès, démontre le quotidien d'une corruption ordinaire....

Antonio de Sousa sur Paris-Turf TV le 13 mai 2015 (Capture d'écran TV)

Une maison en Corse contre un programme immobilier ?

Jean-François Oneto, l’une des deux personnes placées en garde-à-vue ce matin, est l’actuel maire Les Républicains d’Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne). Il est soupçonné d’avoir reçu de l'argent de la part de la société France Pierre, en échange d'attribution de marché public. Lui-même a toujours nié les faits… Les éléments recueillis par les enquêteurs au cours de leurs investigations semblent pourtant coriaces.

D’origine Corse, né à Ajaccio, l’édile aurait ainsi acquis un terrain pour 500.000 euros à Lumio, sur l’une des plus belles côtes de l’île (juste au-dessus de Calvi) dans des conditions plus que douteuses. En septembre 2010, les enquêteurs ont découvert que la société France Pierre avait effectué un virement de 642.000 euros sur le compte de la société Lamas, un de ses sous-traitants.

Quel lien avec Oneto ? Le trajet que va emprunter ensuite l’argent est rocambolesque. A partir des comptes bancaires de Lamas (qui ont donc pu être utilisés comme "écran" par France Pierre), 512.000 euros sont transférés vers une étude notariale, chargée de l’achat du terrain en Corse. C’est finalement la société SCI Nichjaretu, constitué de Jean-François Oneto et de sa famille qui achète le terrain le 17 septembre 2010.

Est-ce un cadeau de la société France Pierre, en remerciement des bonnes relations entre l’entrepreneur et le maire ?

"Antonio De Sousa m'avait indiqué à l'époque que ce virement était destiné à monsieur le maire d'Ozoir, Jean François Oneto, pour acheter une maison en Corse"

confirme un des représentants de la société Lamas, Armindo Dias Fernendes, qui a donc vu passer de l’argent sur ses comptes… et a gardé au passage une petite somme.

Entendu sur ce point lors de sa garde-à-vue en avril dernier, Antonio de Sousa a déclaré :

"Je ne sais rien de cette opération ni de ces mouvements bancaires. J'ignorais même que Jean-François Oneto avait un terrain en corse."

Antonio de Sousa dira encore devant des juges d’instruction, étonnés de relever 114 appels entre les deux hommes sur un laps de temps très court :

"A partir du moment où on travaille avec une commune, on est obligé d'avoir des bonnes relations, Mais ce n'est pas un ami, c'est quelqu'un que je respecte."

L’édile devra également s’expliquer sur les conditions dans lesquelles il a acquis en 2009 un appartement trois pièces de standing, avec terrasse et jardin privatif pour un prix paraissant dérisoire (250.000 euros) dans les résidences "Les jardins de Mélanie"… Un programme immobilier mis en place par la société France Pierre à Ozoir-la-Ferrière

Immeubles

L'avocat du maire n'a pas pu être joint par "l'Obs".

Une caisse noire pour le maire ?

L’autre personne placée en garde-vue mercredi est l’ancien maire de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), Hugues Rondeau (CNIP). D’après nos informations, ce sont surtout les agissements de l’un de ses anciens collaborateurs, Philippe Lohmuller, qui intriguent les enquêteurs. Quel rôle exact, en sus de son titre formel de "collaborateur du maire" et "directeur du développement économique" cet homme a véritablement joué au sein de la mairie ?

Selon de nombreux chefs d’entreprise interrogés au cours de l’enquête, l’homme aurait pu, par le biais de sa société censée vendre de l’événementiel sportif, aider l’élu à se constituer une caisse noire… Le patron d’une société de menuiserie de Seine-et-Marne (sous-traitant de France Pierre) explique ainsi avoir réglé plusieurs factures à la société de Lohmuller pour 30.000 euros… Il raconte aux enquêteurs :

"Lohmuller s'était présenté avec Antonio de Sousa en nous présentant une facture au nom de sa société Philippe de Noyers, soit disant pour que nous réglions des packages pour des soirées VIP lors de matchs de football. C'est arrivé plusieurs fois. J'ai pu accepter un temps ces factures mais lorsque je m'y suis opposé, De Sousa m'a dit qu'il fallait les payer parce que cela servait à alimenter une caisse pour la mairie de Bussy."

Ces factures ont-elles donné lieu à des prestations ? Notre chef d’entreprise poursuit :

"Je suis formel. Ces deux factures ne correspondent à aucune prestation réelle et je les ai bien payées à la demande de cette société et d’Antonio de Sousa pour continuer à travailler sur les chantiers."

L’un des rapports d’enquête, en date du mois de mai dernier, enfonce encore un peu plus le clou. "Des perquisitions au siège de trois sous-traitants récurrents de France Pierre (…) permettaient de trouver quelques factures Phillipe De Noyers dans chacune de ces structures. L'audition de leur dirigeants confirmaient (…) qu'elles ne correspondaient pas à de réelles prestations. Ces règlements étaient assortis de promesses de futurs chantiers." Chez France Pierre également de telles factures ont été retrouvées.

Ces petits services ont-ils permis à France Pierre de construire plus de 1.000 logements à Bussy-Saint-Georges ? Interrogé sur ce point, Antonio de Sousa s’est défendu de toute corruption. Dans cette ville, ce n’est pas la mairie qui attribue les marchés, mais un organe indépendant a-t-il expliqué. Les factures qu’il a réglé à l’adjoint d’Hugues Rondeau ont donc bien servi à acheter du vin. Il le jure. Pas des votes. Pas des marchés publics.

L'avocat de l'ancien mairie n'a pu être joint par "l'Obs".

Une affaire qui continue

Dans les jours et semaines qui viennent, d’autres maires devraient être entendus. Les enquêteurs soupçonnent ainsi Sinclair Vouriot, le maire (CNIP) de Saint-Thibaut-des-Vignes (Seine-et-Marne) de s’être fait construire une piscine, un garage et l’extension de sa maison par une société proche de France Pierre. Montant total des travaux mais honorés : 100.000 euros.

Interrogé par "Le Parisien" sur ces points, le maire avait nié l’existence d’avantages en nature… Il a juré avoir payé. Lors d’une perquisition à son domicile en juillet dernier, les enquêteurs ont pourtant bien retrouvé trace des devis. Mais les relevés bancaires du maire ne montrent aucune trace de paiement significatif… Les enquêteurs remarquent simplement que France Pierre a réalisé un programme immobilier dans la ville de Sinclair Vouriot.

"En plus des maires, des responsables policiers anciennement en poste dans le département, commissaires, préfets, sont également concernés par l’enquête, indique une source proche du dossier.

"Ils ont pu obtenir des appartements à des prix situés en-dessous du marché, se faire payer des voyages au Portugal… Cette affaire ne fait que commencer."

Violette Lazard l'OBS

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