Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FOLIO DU BLANC-MESNIL
10 avril 2015

Intervention d'Anne-marie Delmas lors du conseil municipal de 2 avril 2015 sur le rapport du développement durable

 

Picard le doux

Le rapport que vous nous remettez, Monsieur le Maire, très complet, fait oeuvre de pédagogie
historique et montre bien que penser durable est un cheminement. En effet plusieurs actions
mentionnées ont débuté depuis de nombreuses années. Je partage l'idée de les présenter à l'ensemble
de notre conseil municipal car bon nombre d'entre nous ne devait pas savoir tout ce qui se faisait.
Je vais articuler mon intervention en 3 parties :


 les questions de forme,
 les commentaires sur les actions décrites,
 les régressions en terme de développement durable.


Les questions de forme :
Tout d'abord, les remarques formulées concernent le processus de validation et non la façon dont le
rapport a été rédigé.
Aux pages 18 et 19, il y a deux blocs de plusieurs paragraphes identiques dans leur quasi intégralité
à l'exception de cinq lignes sur le Conseil d'Orientation et de Développement Économique pour
l'Emploi (CODEE) et de la mention de Didier Mignot à qui la paternité de CitésLab est, à juste titre,
attribuée.
Page 26, le futur est utilisé concernant des actions de 2014, or il s'agit du rapport des réalisations de
2014. Le Plan de Déplacement Entreprise qui aurait dû être réalisé, l'a-t-il été ? Peut-on en avoir les
conclusions ?
Page 27, on parle de la maison des associations en cours de construction ! Or elle fut inaugurée en
2014.
Page 28, le journal « Vu d'ici » est mentionné, alors que la parution du dernier numéro date de mars
2011 ! Quand on repart d'un document très ancien il n'est pas facile d'actualiser !


Les commentaires sur les actions décrites
Nous savions déjà que votre équipe était peu sensible à l’environnement, au développement durable
et à l'agenda 21 puisque le 1er adjoint a en charge ces deux premières compétences après avoir réglé
les questions de la voirie, de la propreté, des bâtiments communaux, des espaces verts, et qu'à ma
connaissance aucun conseiller municipal n'a délégation pour l'agenda 21.


Dès la page de garde du rapport je note la disparition du logo Agenda 21, quant à la « mission
agenda 21 » elle devient « agenda 21 de la culture » donc un champ plus restrictif. Ce qui se
confirme par son rattachement apparent à la direction des affaires culturelles. Cela montre pour le
moins que le concept d'agenda 21 d'un territoire, issu du sommet de Rio en 1992, n'est pas connu. Il
devrait être l'outil transversal par excellence, porteur des actions durables du territoire qui se

trouvent à la stricte intersection des champs de l'environnement, du social et de l'économie.
Le plan du rapport 2013 était calqué sur les 64 actions de l'agenda 21 local. Le plan du rapport 2014
reprend celui du rapport de 2012. Toutefois il existe une profonde différence puisqu'il n'établit plus
le lien avec les déclinaisons locales des 64 actions.


À la page 14 sont citées un certains nombre de manifestations. Si le caractère durable de certaines
de ces initiatives est explicité, pour d'autres j'aurais aimé savoir qu'est-ce que ces initiatives ont eu
de « durable ». Je ne conteste, en aucun cas, la possibilité de faire les initiatives qui vous
conviennent. Par contre toutes les initiatives ne sont pas durables et ce rapport n'est pas le catalogue
des festivités réalisées mais les actions durables portées par des acteurs du territoire.


En ce qui concerne l'axe 3 (de la page 16 à la page 19) qui a pour thème : «Promouvoir l'emploi et
l'économie responsable et durable », toutes les actions citées sont anciennes et ont été mises en
places par les équipes municipales précédentes. Ne pensez-vous pas que de nouvelles actions
devraient être mises en place ? Serait-ce à dire que pour vous l'économie ne peut être durable ?
Page 23, il est indiqué que « le sport est un outil privilégié pour engager les concitoyens dans une
démarche environnementale et sociale cohérente ». Si les exemples cités montrent bien la
dimension sociale, je n'ai rien vu concernant la démarche environnementale...


Page 25, je note la sincérité du rapport quand il indique que des actions durables ont été supprimées,
à savoir : les groupes de paroles et les permanences juridiques du Centre d'Information du Droit des
Femmes et des Familles.


Page 27 le paragraphe sur la dématérialisation croissante est un copier-coller de la page 34 du
rapport de 2012 ! Outre le fait que ces chiffres n'ont plus aucun sens et ne devraient donc pas être
présentés, n'y a-t-il eu aucune action en 2014 ?


Aux pages 27 et 28 on parle des conseils de ville et de voisinage. Effectivement il s'agissait bien de
démocratie participative puisque tous les habitants qui voulaient y assister, le pouvaient. On peut en
parler dans ce document puisque début 2014 ils existaient. Par contre il faut savoir que les conseils
de quartier, que vous avez choisi de mettre en place, ne pourront se prévaloir de l'étiquette
« durable », eu égard au fait que la population ne peut y assister et que les membres qui les
composent ont été triés sur le volet. Je connais très bien une jeune fille majeure, libre et
indépendante qui souhaitait y participer et qui fut rayée de la liste juste parce que sa mère est
politiquement engagée à gauche. Par contre la présence d'un père majeur, libre et indépendant dont
le fils est engagé à droite ne pose aucun problème et fait partie du conseil de quartier. Cela en dit
long sur votre perception de la démocratie participative.


Je suis étonnée de ne pas voir repris dans le rapport l’inscription de la Ville dans la démarche de
labellisation Écoquartier à travers l’adhésion à la Charte des Écoquartiers et au Club National
Écoquartier voté le 6 mars 2014 à l'unanimité. Serait-ce une adhésion dénuée de réalité ?


Les régressions en terme de développement durable
Voici la liste, hélas sans doute non exhaustive, des régressions en terme de développement durable
depuis votre élection :

Je ne reviendrai pas sur les conséquences climatiques, de confort et de coût de fonctionnement de la
suppression de la toiture végétalisée de la piscine, sujet déjà évoqué en cette enceinte.
Je ne reviendrai pas non plus sur le poids supplémentaire du nouveau journal d'informations
municipales, donc les déchets supplémentaires qu'il génère. C'est en contradiction avec la réduction
des déchets souhaitée, y compris dans ce rapport à la page 12. J'ajoute que le papier utilisé n'est
plus du papier recyclé et qu'il n'a plus le label imprim vert !


En dépit du vote unanime de la charte de l'arbre, de nombreux sujets magnifiques, censés être
protégés, ont été abattus : au rond-point de la division Leclerc, dans la cour de la ferme du Petit
Groslay, autour du square Stalingrad, avenue de la Marne et plus généralement dans tout le quartier
Stalingrad.


La suppression des carafes d'eau dans ce conseil et dans toutes les réunions publiques génère un
coût économique : le litre d'eau en bouteille est environ 300 fois plus cher que l'eau du robinet. De
plus, il faut savoir que les industriels contrôlent la qualité de l'eau avant l'embouteillage, par contre
personne ne la contrôle lors de son usage contrairement à l'eau du robinet. Certains scientifiques
assurent que des molécules du plastique du contenant migrent dans l'eau et sont donc ingérées.
Quelles conséquences sur notre santé ? Quel coût social ? Ces bouteilles d'eau ont également un
coût environnemental par le volume de déchets produit. À la page 12 du rapport on parle de la
politique globale de réduction des déchets, à la page 26 l'axe 5 indique : « mobiliser par
l'exemplarité » J'y vois une contradiction c'est plutôt : Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je
fais.


La décision de demander au SEAPFA la suppression des sacs de collecte des ordures ménagères et
déchets recyclables, en zone pavillonnaire, pour être remplacés par des bacs augmente de manière
considérable notre empreinte écologique. La propagande institutionnelle incomplète et partisane ne
change rien au déséquilibre écologique de ce choix : en effet l'article du journal ne dit rien sur la
pollution sonore de la collecte, rien sur l'augmentation du temps de collecte donc des problèmes de
circulation, rien sur les problèmes d'hygiène des bacs à la charge des habitants etc etc un dernier
argument : les désagréments pour la circulation piétonne avec la présence d'obstacles à la
circulation tous les 15 mètres environ, 2 jours par semaine. Ceci en totale contradiction avec
l'objectif de mise en accessibilité progressive des espaces publics indiquée à la page 24 du rapport.
L'aide aux locataires menacés d'expulsion permettait d'anticiper et diminuait les situations
dramatiques aux conséquences sociales plus coûteuses et plus graves. Elle a été supprimée.


« La culture est partout » est le slogan que l'on a vu fleurir sur les murs de la ville, pourtant une
oeuvre d'art connue et référencée, accessible à tous, a disparu de notre vue : en effet une tapisserie
d'Aubusson réalisée sur un carton de l'artiste Jean Picart Le Doux, intitulée La Nuit, a été décrochée
de la salle des mariages. Où se trouve-t-elle aujourd'hui ? De même la culture s'éloigne pour les
habitants ne pouvant s'offrir les nouveaux tarifs des spectacles vivants se produisant au Blanc-
Mesnil.


Conclusion :
En conclusion, ce n'est pas parce que nous n'aurons jamais fini qu'il ne faut pas commencer et
continuer. Je constate que depuis le dernier rapport, depuis votre élection, monsieur le maire, le
cycle vertueux mis en place par l'équipe précédente s'est inversé. Bien sûr, j'aurais parfois aimé aller
plus vite, plus loin, plus fort mais, nous y allions. Certaines résistances vaincues, certains combats
gagnés, parfois de haute lutte, contre l'habitude, le manque de créativité, sont aujourd'hui balayés.
Vous savez combien je suis attachée au développement durable, à cette pensée qui ne se contente
pas de penser au présent mais mesure aujourd'hui les conséquences sur les générations futures. Je
n'oublie pas la phrase d'inspiration amérindienne attribuée souvent à Saint Exupery : « On n'hérite
pas de la terre de nos ancêtres, on l'emprunte à nos enfants ». C'est pour cela que chaque acte porte
en lui le niveau d’intérêt accordé aux générations futures.


Je sais la difficulté de faire avancer cette façon de penser. Je connais aussi par coeur les faux
arguments qui justifient de ne pas faire, voire de ne plus faire. En son temps l'abbé Pierre avait
dit : « On ne peut pas, sous prétexte qu'il n'est pas possible de tout faire en un jour, ne rien faire du
tout ».


Cette phrase s'applique parfaitement au développement durable. Je ne suis pas là pour donner des
leçons. Chacun, moi y compris, peut, s'il le décide, s'améliorer dans cette voie. Il s'agit d'un
processus d'amélioration continu, toujours perfectible. Une inversion de tendance est donc possible.
Il me reste une dernière question : doit-on considérer que l'agenda 21 et ses 64 actions votées en son
temps à l'unanimité du conseil municipal, y compris par vous-même, est totalement parti aux
oubliettes ?

Publicité
Publicité
Commentaires
FOLIO DU BLANC-MESNIL
Publicité
Archives
Newsletter
FOLIO DU BLANC-MESNIL
Publicité