Intervention de Didier Mignot sur le budget primitif 2015, lors du conseil municipal du 2 avril 2015

Vous nous proposez un budget élaboré, nous en convenons bien volontiers, dans un contexte national difficile puisque les collectivités locales subissent de plein fouet la cure d’austérité imposée par l’Etat au nom des politiques ultralibérales décidées par les mêmes forces politiques, dont la vôtre Mr Meignen, au niveau européen.

On assiste ainsi à un véritable Hold-up avec le transfert massif de l’argent consacré aux besoins humains comme les services publics, les dépenses sociales, les équipements et services de proximité mis en oeuvre par les collectivités locales vers le soutien à la compétitivité des grands groupes financiers. Le besoin de rentabilité des marchés financiers est devenu le seul cap à suivre et cela par la réduction drastique des dépenses publiques.

Ce discours vous le savez, nous le tenons de manière constante depuis des années, et ce, contrairement à vous, quel que soit le gouvernement en place.

Les villes sont donc mises au pain sec et à l’eau au nom de la sacro-sainte réduction des dépenses publiques que vos amis de l’UMP ont instauré, principalement sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et continuent à cor et à cris de demander, malheureusement avec l’oreille plus qu’attentive et bienveillante du gouvernement actuel.
Quelques chiffres quand même qui rendent d’autant plus insupportable ces politiques qu’ils révèlent que le serrage de ceinture n’est pas pour tout le monde.

Pour bien comprendre les causes qui mettent aujourd’hui les villes en difficultés, il est bon de rappeler que chaque année, si les cotisations sociales versées par les entreprises sont de 158 milliards d’euros, ce sont 229 milliards d’euros que ces dernières versent à leurs actionnaires ou aux banques. 229 milliards totalement inutile au bien commun.

A ce chiffre astronomique, il faut ajouter d’autres ponctions réalisées sur les budgets de l’Etat et de la sécurité sociale : 50 milliards versés en intérêts aux banques et 200 milliards d’exonérations fiscales et sociales pour les entreprises. Et on en rajoute une louche de 20 milliards avec le CICE, le crédit d’impôt compétitivité. Et pour continuer dans l’indécence, rappelons la fraude fiscale de riches contribuables français dévoilée récemment pour 180 milliards d’euros via une banque suisse.

Franchement, cet argent serait bien plus utile au Blanc-Mesnil et aux autres collectivités que planqué dans les coffres des paradis fiscaux. Des sommes gigantesques dédiés soi-disant à l’emploi. Combien d’emploi ont été créés ? Quasiment aucun ! Au contraire, on continue à licencier à tour de bras dans le pays.

Malgré les larmes de crocodile versées par Mr Gattaz, soutenu par vous-mêmes et vos amis, ce ne sont pas les grands patrons qui pleurent aujourd’hui mais les milliers de salariés que l’on jette à la rue comme encore hier chez le transporteur Mory, ou encore les 6 millions de personnes chômeurs ou précaires que comptent notre pays.

Alors nous sommes d’accord pour condamner ces politiques d’austérité qui nous enfoncent dans la récession et pour mener le combat pour que cela cesse. Mais il faut tout dire, ne pas faire d’exploitation politicienne de la détresse des gens et ne pas avoir de double discours, local et national. « Le paradis des riches est fait de l’enfer des pauvres » disait Victor Hugo, ce qui illustre bien ce qui se passe aujourd’hui.

Chers collègues, de la majorité comme de l’opposition, vous comprenez qu’il est important de redonner ces éléments pour éclairer nos débats et informer la population de la réalité qui, et quels que soient nos désaccords sur les contenus des choix budgétaires, conduit notre ville à subir la cure d’austérité que l’on impose aux collectivités locales.

A ce titre de l’information complète de nos concitoyens, nous souhaiterions qu’une place soit donnée à mes propos et à ceux de mes collègues de « Blanc-Mesnil au coeur » dans « le Blanc-Mesnilois » qui ne manquera pas, je l’espère, de relater nos débats sur le vote du budget.

Que ce soit sur le compte administratif 2014 ou sur le Budget Primitif 2015, il y a beaucoup de choses à dire bien sûr. Des remarques, des avis, des questions et des propositions.

Sur le CA 2014, les choix opérés à votre prise de fonction comme, entre autres, la suppression ou la diminution d’un certain nombre de subventions à des associations, la fermeture de la bourse du travail, la fin du Forum culturel, la pression que vous exercez sur des associations pour qu’elles se séparent de membres qui ne vous conviennent pas, le démantèlement de l’administration communale et donc l’amputation de ses compétences, les dépenses en forte augmentation pour les fêtes et cérémonies font que nous voterons contre ce compte administratif 2014.

Des choix que vous accentuez de toute évidence dans le budget primitif 2015, j’insiste sur le terme de primitif car je pense que nous pourrions aller vers des décisions modificatives importantes en cours d’année et que le budget dont nous débattons ce soir risque d’être différent fin 2015.

Pour le budget primitif 2015 nous sommes d’abord heureux de constater que les bases fiscales augmentent de plus de 4 200 000 € dont 2 500 000 pour le foncier bâti, et 1 million sur la taxe d’habitation qui traduisent le dynamisme de notre ville ces dernières années. Il faut y voir là, c’est incontestable et c’est d’ailleurs inscrit dans votre note, le résultat du travail d’aménagement de notre ville depuis une dizaine d’années, particulièrement mais pas seulement en centre-ville, et la production de nombreux logements qui viennent enrichir notre commune.

Vous avez fait beaucoup de tapage sur béton mesnil, mais c’est bien ces projets urbains qui vous permettent aujourd’hui d’équilibrer votre budget.

Vous l’avez d’ailleurs bien compris à en croire votre projet, non encore validé par l’Etat et non encore financé, du grand ensemble des tilleuls. Combien d’ailleurs envisagez-vous, en plus des 2000 logements supplémentaires aux tilleuls, de logements sur les terrains du centre d’affaire Parinor ou des terrains dits « Bardini » de la zone de la molette ? Et avec quelle proportion de logements sociaux, il serait intéressant de le savoir.

De même pour les entreprises où l’on s’aperçoit que la contribution des entreprises augmente de 566 000 euros mais que vous prévoyez une diminution des recettes dues aux loyers des entreprises installées au centre Einstein. Des entreprises vont-elles quitter ce lieu ?

Toujours sur les grands équilibres de ce budget, une question : il est dit dans la note de présentation que les acquisitions de terrains se monteront à 6,7 millions dont 4,6 millions pour les halles d’Auchan et 1 million pour d’autres préemptions durant l’année. Les 2,2 millions destinés à l’acquisition du mail Jeanne Fontaine étant dans les restes à réaliser de l’année 2014 nous sommes à 5,6 millions sur les 6,7. Qu’advient-il du million cent mille qui n’est pas fléché ?

Autre question en lien direct avec les finances locales, avez- vous l’intention d’engager des partenariats publics-privés, les PPP, cette année et le cas échéant dans quels domaines ?

Enfin sur les différents budgets annexes, nous voterons les comptes administratifs et nous nous abstiendrons sur les budgets primitifs, hormis celui de l’eau contre lequel nous allons voter du fait des zones d’ombre liées au changement de délégataire dont nous débattrons tout à l’heure.

Mes collègues ont d’autres remarques à faire et des questions à poser sur différents postes de ce budget primitif et nous continuerons à le faire au fur et à mesure des mémoires examinés ce soir et directement liés au budget, notamment en termes de subventions.

Je veux néanmoins souligner quelques lignes budgétaires qui pour le moins nous interpellent, comme l’augmentation du budget « fêtes et cérémonies », celle des « publications », celle des « réceptions », des « indemnités des élus » et de vos « frais de représentation », et celle très importante, de plus d’un million 2, des contrats de prestations de service avec des entreprises.
Autre sujet d’inquiétude, les maisons pour tous et l’arrêt des financements MOUS qui représentent 140 000 € aux tilleuls et 160 000 € au Chemin Notre Dame.

De plus une subvention de près de 30 000 € dans le cadre du contrat de ville était affectée au Chemin Notre Dame et aux tilleuls dans le cadre de l’atelier santé ville. Cette subvention est supprimée car les actions sont reprises en interne. Est-ce que toutes les actions de l’atelier santé ville vont être reprises, et avec quel personnel ?

Avant de terminer mon propos, je veux faire deux propositions.

La première concerne l’argent dédié à l’acquisition des terrains des halles d’Auchan qui figure aujourd’hui en dépense mais dont vous nous avez dit qu’il serait immédiatement reversé par Vilogia qui va acheter ce terrain. Vilogia, qui sans sourciller semble prêt à dépenser 4,6 millions d’euros. Souhaitons que cela ne vienne pas alourdir le déficit d’entretien de son patrimoine.

Nous vous proposons donc que cette somme soit affectée à la construction, ou en tout cas à une première phase de construction, soit d’un nouveau conservatoire, qui permettrait ainsi de libérer des locaux scolaires à l’école Joliot-Curie, soit de l’école élémentaire Rose Blanc en fonction des évolutions de la démographie scolaire.

Autre proposition, qui n’a rien à voir en termes de masse budgétaire.

Aujourd’hui l’histoire du monde est marquée un peu partout par des situations de tensions, de conflits, de guerres et autres catastrophes qu’elles soient politiques ou naturelles et l’idée serait d’ériger une stèle - pourquoi pas sur la pelouse des droits de l’homme dans le parc urbain Jacques Duclos, c’est ce que nous portions comme proposition – destinée à permettre aux habitants de notre ville qui viennent de pays lointains, de commémorer des évènements, souvent tragiques, de l’histoire de leur pays d’origine.

Cela permettrait tout d’abord à l’ensemble des blanc-mesnilois de mieux connaitre l’histoire de ces peuples, et mieux se connaitre c’est mieux vivre ensemble… et puis de permettre à ces Blanc-Mesnilois venus d’ailleurs et à leurs enfants de ne pas oublier leur histoire souvent douloureuse. Je pense aux tamouls, aux kurdes, aux palestiniens, aux Haïtiens, à plusieurs pays d’Afrique ou d’Europe de l’Est, et à bien d’autres évidemment.

Nous allons voter contre le budget présenté ce soir, mais nous sommes dans un esprit constructif au service de notre ville et ces deux propositions, de nature très différentes, nous semblent utiles et répondre aux attentes des blanc-mesnilois-ses.
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