Dans le 93, les inégalités sanitaires et environnementales amplifient les ingalités sociales. Ce n'est plus tolérale

Hier soir, une fuite de mercaptan a nécessité la mise en place pendant près de 3 heures d'un périmètre de sécurité autour de la gare de triage de Drancy, consécutif à une fuite d'un wagon citerne. Le mercaptan suscite bien des interrogations après la fuite rejetée dans l'atmosphère par l'usine Lubrizol de Rouen il y a un mois et demi.

Ce nouvel incident est l'incident de trop. Cette gare de triage au cœur d'une zone dense urbanisée est l'expression du profond mépris par lequel est traitée la population de notre département. Cette gare de triage accueille 200000 wagons dont près de 10% transportent des matières dangereuses, dont 70% d'hydrocarbures, 10% de chlore et d'ammoniac et 20% de matières radioactives.

Cette situation est à l'image de ce que l'on fait subir aux Séquano-Dyonisiens depuis des dizaines et des dizaines d'années. Dans ces conditions, on comprend pourquoi la moyenne d'âge de nos concitoyens soit l'une des faibles de notre pays, pas étonnant puisque le taux de cancers d'origine professionnelle est le plus important de France. Cette situation est profondément injuste car ce sont les salariés qui effectuent les carrières longues qui profitent le moins de leur temps de retraite. En Seine-Saint-Denis, les inégalités sanitaires et environnementales amplifient les inégalités sociales. Cette situation n'est plus tolérable.

La technostructure et les lobbyistes de tout poil, considérant que la situation sanitaire de la Seine-Saint-Denis est déjà extrêmement dégradée, n'hésitent pas pour faire bon poids, bonne mesure, à lui imposer la poursuite des projets d’installation d'établissements classés et donc potentiellement dangereux pour la santé et la sécurité publique tels que les usines de méthanisation de Romainville et du Blanc-Mesnil.

L'accident d'hier soir qui, n'en doutons pas, a aggravé un peu plus encore la pollution atmosphérique de notre département, justifie totalement la demande que nous avons faite au Préfet de Seine-Saint-Denis. Nous réaffirmons, ici, l'urgence de faire un diagnostic de l'état sanitaire de la population du 93. Ce diagnostic doit être conduit dans la plus grande transparence. Ce diagnostic sanitaire de l'ensemble de la population doit s'accompagner d’un diagnostic tout aussi précis de notre environnement et de son niveau de pollution. Ce travail d'analyse doit être conduit et effectué par des équipes pluridisciplinaires. Leurs résultats devront être rendus publics et une conférence rassemblement les autorités sanitaires et sociales, la vie associative, les syndicats, les entreprises, les élus, les représentants de l'État devra être réunie pour en tirer les enseignements et préconiser une série de propositions contraignantes, pour améliorer durablement l'environnement, les conditions de vie et de travail de l'ensemble des Séquano-Dyonisiens. Et c'est dans ce cadre que la question de la présence ou non de la gare de triage de Drancy, Le Bourget, Le Blanc-Mesnil aura toute sa place.

Face l'aggravation et la détérioration de l'environnement et la qualité de vie et tant qu'un diagnostic sanitaire et environnemental du 93 n'aura été effectué, nous demandons la mise en place d'un moratoire concernant la délivrance d'un permis d'exploiter concernant l'ensemble des établissements classés.