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FOLIO DU BLANC-MESNIL
12 février 2013

LA POLITIQUE DU TUMULTE, FRANCOIS MEDELINE, Edition: La Manufacture des livres 336 pages

 

La politique du tumulte, c’est l’histoire, en 1993, du début de la fin d’une amitié de trente ans, dont on se souvient tous, qui va servir de toile de fond à la naissance d’une histoire d’amour. Une histoire condamnée, avant d’avoir même commencé, par un barbouze chargé d’étouffer un scandale sexuel susceptible de faire ressurgir toute une série de manipulations plus anciennes qui pourraient gêner les desseins d’hommes lancés à la poursuite d’un pouvoir en vacance.

De cette intrigue complexe mêlant à l’arrière-fond des luttes intestines de la droite française de l’époque, les barbouzeries facilitées par le ministre de l’intérieur corse de l’époque, des faits-divers librement inspirés de l’affaire Ranucci et de l’affaire Alègre, émerge une impressionnante galerie de personnages. Si chacun d’entre eux détient une partie de la vérité, le travail de Secondi, barbouze omniscient, froid et calculateur, sera de faire en sorte que le puzzle ne soit pas assemblé tant qu’il ne servira pas les intérêts de ceux pour qui il travaille ou les siens propres.

De là, Médéline développe son histoire tentaculaire au centre de laquelle on trouvera Léa Bruni, jeune journaliste déterminée à faire la lumière sur la mort de sa mère. Opiniâtre mais incarnant une certaine innocence dans un milieu (familial d’abord, hors-la-loi ensuite), Léa devient involontairement l’axe autour duquel va tourner l’ensemble du roman. Attachée par les circonstances à Manu, jeune maquereau lyonnais au service d’un parrain local qui est son exact opposé et apparaît dans un certain sens comme sa face sombre, elle va vivre quelques jours intenses révélant une histoire familiale mouvementée que de nombreux fils relient à une plus grande et ténébreuses histoire souterraine de la vie politique française.

La complexité de l’intrigue de Médéline, sa construction – et par certains aspects comme la multiplication des points de vues et les allers-retours spatiaux et temporels, sa déconstruction ou à tout le moins son émiettement – amène l’auteur à mettre en scène par ailleurs de nombreux personnages secondaires qui se montrent tout aussi bien construits que les personnages principaux et qui tiennent vraiment toute leur part dans le roman.

En contrepartie, le lecteur devra se montrer particulièrement attentif et faire un véritable effort de concentration pour se retrouver dans ce monde de faux-semblants, de manipulations, de mensonges et de vérités dissimulées. Cet effort à faire est d’autant plus agréable que – outre le fait qu’il montre que l’auteur ne prend pas son lecteur pour un imbécile – Médéline révèle un style d’écriture qui, s’il ne s’affranchit pas totalement de ses influences (on pense notamment à Ellroy ou Peace), est maîtrisé et se met véritablement au service de son histoire.

C’est dire si cette lecture s’est révélée être une excellente surprise. Et c’est avec curiosité – et un certain enthousiasme – que l’on attend maintenant le prochain opus de François Médéline.

 

Yan Lespoux

Article publié dans  "La cause littéraire"

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