Centre commercial Plein Air, du Blanc-Mesnil, les franchisés et les succursales un avenir toujours aussi incertain.

Nous sommes allés faire un tour, au centre commercial Plein Air, pour prendre la température à quelques encablures de la fin de la première année de fonctionnement. L'an passé, dans la même période, nous parlions sur ce blog d'avenir incertain. Aujourd'hui nous confirmons le diagnostic. En effet, si il y avait beaucoup de visiteurs, la très grande majorité d'entre eux se dirigeaient vers le magasin Leclerc. Nous avons constaté le marasme en ce qui concerne les boutiques de la galerie commerciale.

Bien entendu, nous devons discerner dans celles-ci différentes catégories. Si toutes les boutiques sont sinistrées, les succursales qui s'appuient sur des grandes enseignes ont plus de capacités à tenir, néanmoins, nous avons eu la semaine dernière un contact avec un responsable de l'une d'entre elles, qui commence à s'interroger sur la poursuite de leur activité dans ce centre commercial. La situation est de plus en plus dramatique pour les franchisés.

La situation est d'autant plus intolérable, qu'ils sont considérés, par les responsables du centre commercial, comme devant servir de faire valoir au magasin Leclerc, alors que celui-ci ne tenant aucun compte de la galerie commerciale, met en œuvre une stratégie commerciale, très agressive vis à vis des commerçants de celle-ci.

D'autres petits signes apparaissent qui, si ils devaient perdurer seraient l'expression d'un malaise. Nous voulons parler, ici, des fuites d'eau nauséabondes dans le parking jaune sous la grande surface et des pannes récurrentes et souvent longues de l'ascenseur.

Il est évident que nous ne pouvons pas extraire le marasme commercial de Plein Air, de la régression économique générale, comme le souligne l'aggravation du chômage au Blanc-Mesnil et en Seine Saint Denis. Comme nous ne pouvons pas ignorer les difficultés que rencontrent les centres commerciaux qui s'expriment dans notre département par la prochaine fermeture de la FNAC au Millénaire d'Aubervilliers. D'autres signes indiquent un malaise sociétal face à l'immobilier commercial, comme le met en évidence la démission d'un architecte du cabinet chargé de construire Aéroville.

Plein Air a aussi des conséquences sur le commerce du centre ville, où il apparaît que la poissonnerie de l'avenue Pierre et Marie Curie va fermer ses portes, parait-il à la fin de l'année, la boucherie annoncée pour s'implanter dans l'ancienne boutique de vêtements arrivera-t-elle en janvier 2014, pour servir d'argument électoral juste avant les prochaines municipales, pour disparaître quelques mois plus tard ?

Tout cela met en exergue, une politique à la petite semaine, sans perspective à moyen et long terme et qui est extrêmement couteuse pour les finances locales. La boutique de vêtements est aujourd'hui propriété de la commune qui l'a acquise pour plus de 500000€, les locaux de la poissonnerie sont aussi propriété de la ville. Certes, l'entreprise Frey a participé aux aménagements, pour faire genre, vu les plus values que la vente du centre Plein Air, en novembre 2011, lui a rapportés.

Pour mémoire, l'entreprise Frey qui a bénéficié de très nombreux et importants avantages en matière foncière et en terme d'aménagements voirie, adduction d'eau et accès à l'assainissement a vu ses profits s'accroitront en 2011 de près de 45%. En juin 2011, elle a procédé a une augmentation de capital, par la mise en vente d'actions à 2,50€ qui étaient cotées en bourse à 14€, comme il serait passionnant de connaître les heureux initiés qui ont pu bénéficier de ce cadeau boursier. En novembre 2011, l'entreprise Frey en partenariat avec l'investisseur belge AG Réal Estate et Predica, lance le fonds Frey Retail Fund. Ce fond en un an a investi 60M€ ( pour mémoire la vente de Plein Air a rapporté à l'entreprise Frey 25M€), comme vous voyez les cadeaux sur le foncier et les aménagements servent aujourd'hui à la spéculation dans l'immobilier commercial. ( Voir l'article de Buisiness Immo Commerce du 14/09/2012). Cette débauche spéculative sur l'immobilier commercial alimente une bulle, comparable à la bulle immobilière espagnole avec les résultats que l'on connait pour le peuple espagnol, endettement massif des familles qui a conduit à la précarité totale.

Et pendant ce temps des femmes et des hommes qui ont cru aux belles promesses de l'entreprise Frey ont investi toutes leurs économies ou se sont lourdement endettés et sont aujourd'hui au bord de la rupture, notre ville a participé à la mise en œuvre de ce miroir aux alouettes digne de Guizot au 19° siècle qui disait « enrichissez-vous » dans la plus belle envolée ultra libérale. Dans cette opération seule la finance sort gagnante de ce projet.

Pour notre part, dès le début, nous étions défavorable ce projet qui tournait le dos à nos valeurs de progrès et de solidarité, qui tournait le dos aux objectifs de revitaliser les commerces du centre ville. Aujourd'hui le risque est grand de voir s'épanouir une friche commerciale, qui provoquera des dégâts sociaux considérables. Probabilité qui n'est pas que le résultat de notre analyse, mais aussi celui d'une claire vision de ce qui se prépare près de chez nous, comme, par exemple le projet EUROPA CITY, 400000 mètres carrés de surfaces commerciales et de loisirs, pas moins de 500 boutiques à la patte d'oie de Gonesse, projet qui s'ajoute au projet déjà en cours d'Aéroville à Tremblay en France. Qui peut croire que cette frénésie immobilière commerciale et de spéculation financière n'aura pas de répercussions et accentuera la fragilité du centre Plein Air.

Nous espérons que la catastrophe commerciale, sociale et urbaine sera évitée, pour notre part malgré notre opposition initiale, nous ferons tout pour éviter le gouffre. Dans ce cadre nous nous étonnons que ceux qui ont favorisé ce projet, qui aujourd'hui n'a servi que les intérêts de quelques uns, se montrent aussi frileux vis à vis de ceux qui risquent d'en être les victimes. Une nouvelle fois cette attitude de la municipalité nous permet de conclure par cette citation de Voltaire: « Ils ne se servent de la pensée que pour s'autoriser leurs injustices et n'emploient les paroles que pour déguiser leurs pensées ».

Comments

[Maurice]

Il y a au moins UN bénéficiaire



C’est :

l'entreprise Frey qui a bénéficié de très nombreux et importants avantages en matière foncière et en terme d'aménagements voirie, adduction d'eau et accès à l'assainissement a vu ses profits s'accroitront en 2011 de près de 45%...



Ce pas qu'un peu !

Bon article comme j'aimerai qu'il y en ait plus dans la presse.



À +