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FOLIO DU BLANC-MESNIL
18 juin 2010

LE BLANC MESNIL - CITE DES TILLEULS : TRANCHES DE VIE

Depuis une quinzaine de jours, une famille des Tilleuls, vit sans eau chaude. Il apparaît que cette situation ne touche pas le nouveau bailleur Vilogia.

Ce quartier des Tilleuls, nous le disons depuis de très long mois, s’enfonce de plus en plus et concentre toutes les conséquences des inégalités territoriales qui se conjuguent avec toutes les inégalités sociales.

Nous ne pouvons plus en rester aux généralités. Après les événements de 2005 les habitants de ce quartier avec l’appui des animateurs de la maison pour tous des Tilleuls éditent un journal trimestriel. J’ai eu avec eux des explications difficiles et des critiques fortes sur la forme et sur le fond. Le n° 13 de « Vu d’ici » présente un dossier : dégradation des conditions de vie des habitants. Vous allez trouver ci-dessous les expressions des habitants que j’ai lues dans ce journal. Vous pourrez trouver « Vu d’ici » à la maison pour tous des Tilleuls.

a.86 ans.

« J’ai 86 ans et je suis depuis 48 ans dans l’appartement que j’ai intégré dans les années 1962. Je ne peux pas faire mes courses comme je veux, ni sortir à cause du problème de l’ascenseur. Oui, maintenant je suis isolé. Avant on avait un gardien mais maintenant il n’y a plus personne. »

m.42 ans

« Je ne peux pas recevoir des amis car si l’ascenseur est en panne, ils ne veulent pas monter les escaliers. En plus, il n’y a pas de lumière dans les halls. »

m.65 ans

« Je suis très mécontent de l’aspect extérieur de mon appartement et de l’intérieur de l’immeuble. Les portes ne sont pas remplacées dans le hall, les carreaux sont cassés régulièrement. Il n’y a pas de lumière. Les boites aux lettres sont dégradées. L’ascenseur ne fonctionne que de temps en temps, il m’est difficile de faire mes courses car je ne peux pas les monter en une fois, alors je prends juste les denrées périssables et le reste je le monte au fur et à mesure que ça me manque. Un jour j’ai monté toutes mes courses en une fois, j’ai cru que, j’allais mourir. »

r.52 ans

« L’état du bâtiment est désastreux dans les escaliers, les rampes sont décelées, les murs craquelés et sales. Le local colonne sèche reste sans porte et les RIA (Robinet d’Incendie Armés pour les pompiers) sont détériorés. Il n’y a aucune sécurité. Les revêtements ne sont appropriés aux escaliers de secours ».

t.42 ans

« J’ai refait la peinture il n’y a pas long temps mais ça ne sert à rien le mur s’écaille. On a de l’humidité, il y des moisissures sur les murs. Les enfants ne dorment plus dans leurs chambres. Mon ballon d’eau chaude fuit ».

s. 35 ans

« Mon mari a réparé lui-même les volets qui sont en panne. Les robinetteries n’ont pas fonctionné pendant trois mois. Il n’y a pas de lumière au plafond. On a acheté des halogènes. Les prises ne sont pas aux normes électriques, c’est dangereux pour les enfants ».

k.59 ans

« Mes toilettes sont à changer et les personnes qui sont venues me voir on fait un trou dans le tuyau. Ils ont mis un cache sous le trou, et puis c’est tout mais ça n’a rien changé. Il fait très froid dans l’appartement ».

j.48 ans

« Cela fait deux mois que je suis dans cet appartement, la robinetterie ne fonctionne pas ! J’ai acheté un chauffage d’appoint qui nous fait une dépense de plus en électricité et toujours pas d’ascenseur ».

s.m.44 ans

« J’ai été obligée d’acheter un chauffage d’appoint car il n’y a pas dans la maison, les escaliers sont sales, l’ascenseur ne fonctionne pas, les charges sont beaucoup trop élevées ».

a.45 ans

« Je suis resté cinq mois sans fonctionnement correct de l’ascenseur. L’électricité n’est pas conforme. Dans le séjour, tous mes appareils électriques sont branchés sur un simple fil qui a été tiré depuis la cuisine. Quand il y a des prises, elles sont anciennes. J’ai aussi des cafards dans les pièces. Les charges sont vraiment trop importantes par rapport aux services qui sont supposés être rendues ».

z.

« Moi, j’habite au dessus du 10e étage et j’ai cinq enfants dont des jumeaux qui sont asthmatiques. Heureusement qu’une amie très proche m’aide beaucoup parce sinon ce serait vraiment galère. Il n’y a pas d’ascenseur et à cause de ça, j’ai accouché avant terme à 35 semaines ! Comme mes deux enfants sont asthmatiques, ils ont besoin de séances de kiné quotidiennes, ce qui m’oblige à utiliser tout le temps l’ascenseur. Depuis qu’il ne fonctionne plus, je passe tout mon temps à monter et descendre les étages pour amener et ramener mes fils aux séances de kiné et sans compter tout le reste. Une fois, comme je n’en pouvais plus, j’ai demandé au Samu de venir nous cherché mes petits et moi, mais c’est un cercle vicieux, comme l’ascenseur ne marche jamais, le personnel soignant ne veut plus se déplacer…. ».

l.39 ans

« A Maurice Audin, il n’y a plus de gardien pour sauver tous les habitants de ma tour : les personnes âgées, les mamans avec leurs petits…En plus, nous n’avons même plus de médiateurs. Vilogia m’a dit qu’il n’y avait plus rien pour moi et que désormais, mon seul et unique interlocuteur sera un chargé de clientèle…C’est appel au secours que je lance ! Je suis épuisée, je me réveille toutes les nuits et je suis obligée de prendre des somnifères pour dormir ».

z.

« On n’a pas eu d’eau pendant quatre jours, quatre !!! Vendredi, samedi, dimanche et lundi….Je suis partie faire un bordel !!! Quatre jours sans eau. J’étais furieuse et j’ai téléphoné à la responsable de Vilogia en lui disant que c’était vraiment inadmissible. Elle a rétorqué qu’elle connaissait l’existence de ce problème et qu’une pompe avait éclaté. Ce matin, j’ai croisé par hasard le plombier et je l’ai interpellé en lui disant qu’on n’avait plus d’eau depuis plusieurs jours. Il m’a dit qu’il ne pouvait rien faire car ce n’était pas à son niveau…mais si ç ne relève pas d’un plombier, c’est la responsabilité de qui alors !!! J’étais vraiment hors de moi, je me suis alors demandé qui on était… des animaux ? On est des êtres humains pourtant ».

a.

« J’ai fait de nombreuses déclarations verbales auprès du bailleur Vilogia. J’en avais assez des nuisances des groupes jeunes qui restaient dans les halls le jour comme la nuit. Il y a trop de problème dans la tour ».

z.

« J’ai fait appel à un journaliste de TF1. Nous avons pu discuter par téléphone et il m’a dit qu’il était intéressé par la situation, mais qu’avant notre première rencontre, il devait rencontrer le Pdg de Vilogia. Il s’est donc rendu au 34 rue de Paradis, à l’agence Vilogia. Par miracle le Pdg s’y trouvait ce matin là, mais comme il devait partir en déplacement à Lille, ni lui, ni la direction, n’ont accepté de répondre aux questions du journaliste….Ce dernier m’a donc rappelée en m’expliquant qu’il ne pouvait pas rencontrer les locataires des Tilleuls avant d’avoir eu un entretien avec le Pdg, afin de connaître le point vue de Vilogia. »

témoignage de c.g.

« J’ai pu vérifier de mes yeux les dires des locataires et je peux affirmer que la réalité dépasse la fiction. Plus je gravis les escaliers de cette tour de 16 étages, plus je me sens impuissante. Il faut attendre qu’il y ait un drame pour se bouger ! Les murs sales ou les tags sont présents presque à chaque niveau. La saleté est tellement visible que je comprends mieux les cafards. Les paliers servent aussi de décharge ainsi que les dépendances des sorties de secours. Les rares paliers propres sont ceux que les locataires nettoient eux-mêmes, car le personnel de nettoyage ne monte pas lorsque l’ascenseur est en panne. C’était le cas lors de notre passage et apparemment, c’est une habitude. J’aimerais dire que j’en rajoute, mais malheureusement les faits sont là. Pour ma part je pense qu’une démolition serait la plus appropriée qu’un semblant de rénovation ( de la poudre aux yeux ! ) On joue avec le désespoir des personnes les plus fragilisées par manque d’appartements. Vilogia doit le respect d’un toit digne pour une vie digne ».

Je vous invite à vous procurer le n° 13 de Vue d’ici pour lire le dossier complet écrit par Sophie Cornelie, Colette Gonin, Florence Husson et Samir Belgacem

Ces témoignages, sans surprise malheureusement, montre la gravité de la situation dans le quartier des Tilleuls où nous constatons que le bailleur « social » utilise ce label pour faire du fric, d’autant plus facilement que ses emprunts sont garantis par les collectivités territoriales dont la ville du Blanc-Mesnil. Ces garanties apportées par la collectivité territoriale ne l’ont pas empêché de ne plus payer les cotisations pour assurer le déploiement des correspondants de nuit.

Aujourd’hui, la situation de l’ensemble des Tilleuls va être étudiée dans le cadre du Grand Paris. Nous avons tous noté, lors des élections régionales, le niveau massif d’abstention dans le quartier cela est un puissant signal d’alarme. Nous avons commencé à réfléchir ensemble le 18 décembre 2009, le temps tourne et les changements urgents nécessaires sont lents à venir.

Sans intervention puissante des services publics s’appuyant sur un très large soutien populaire, il est à craindre que d’autres imposent par la violence d’autres règles du jeu et qu’une fois devenu tout puissant ils soient en capacité d’imposer leur loi à la démocratie.

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