Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FOLIO DU BLANC-MESNIL
23 mars 2009

Interview de François Hollande au Parisien

«Le pouvoir ne prend pas la mesure de la crise»
 
Le gouvernement a-t-il des raisons de craindre un «mai 2009»?
 
 
François Hollande, député de Corrèze, ancien patron du PS : Hélas, il donne le sentiment de ne rien craindre du tout. Ni la colère et l'exaspération exprimées dans les manifestations. Ni les prévisions de l’INSEE qui annoncent l'aggravation de la récession et du chômage pour l’année 2009. Là où les Français attendent de la rapidité, de la réactivité, du pragmatisme, ils font face à de la rigidité, de l'inertie et du dogmatisme. Tomber dans le chantage à la rue serait la pire des attitudes pour l'opposition. Mais Nicolas Sarkozy doit ouvrir les yeux et ne pas faire comme l’autruche qui, pour ne pas être effrayée, met la tête dans le sable.
 
  Faut-il une troisième journée d'action, après celles du 29 janvier et du 19 mars?
 
C’est aux organisations syndicales d’en décider. De toute façon le 1er mai sera un grand rendez-vous social. Un rapport de force s'est installé dans le pays. Le chef de l’Etat serait bien inspiré de dialoguer et d'agir en remettant en cause  son bouclier fiscal, en suspendant la défiscalisation des heures supplémentaires, en octroyant une prime de 500 euros aux 10 millions de Français les plus fragiles, en soutenant les entreprises qui préservent l’emploi et en pénalisant financièrement celles qui licencient alors qu’elles font des bénéfices.
 
  Le pouvoir rétorque que son plan de relance va justement produire des effets à partir d'avril ...
 
Quel aveu ! Depuis la fin de l'été 2008, le gouvernement sait que l'économie va entrer en récession. La première manifestation s'est déroulée le 29 janvier. Le sommet social à l’Élysée quelques jours plus tard et voilà que le Premier ministre nous dit que les annonces qui y ont été faites ne seront mises en application qu’à la fin du mois d’avril. Non seulement le pouvoir agit mal, mais toujours avec retard.
 
  «Il faut voter une loi plafonnant les hautes rémunérations»
 
  Peut-on, alors que les caisses sont vides, laisser filer la dette?
 
Les marges de manœuvres sont en effet déjà consommées. Le déficit de l’Etat dépasse les 100ME en 2009, il faut donc supprimer des avantages fiscaux qui n'ont pas lieu d'être pour les réorienter vers l'investissement des entreprises et la consommation des ménages. A quoi ça sert de baisser la TVA à 5,5% quand les caisses sont vides ? A quoi ça rime  de supprimer la taxe professionnelle quand Nicolas Sarkozy prétend qu’il n'a plus d’argent pour soutenir le pouvoir d'achat. Sa politique n'est pas seulement injuste, elle est incompréhensible.
 
  Mais le chef de l'Etat veut aussi interdire les rémunérations excessives pour les chefs d'entreprises...
 
Depuis plusieurs mois, il brandit son martinet de manière inoffensive. Le temps des recommandations et des menaces est terminé. Il faut faire voter une loi qui plafonne les hautes rémunérations et qui interdise pour un temps le versement de bonus et de stock-options. C'est ce qu'ont fait les États-Unis. Le plus vite sera le mieux.
 
«Sarkozy casse-toi» fut le slogan vedette dans les cortèges du 19 mars. Le conflit va-t-il se focaliser sur la personnalité du chef de l'État?
 
 
C'est un risque qu'il a lui même pris en voulant être responsable de tout et en se substituant à chacun de ses ministres. Mais les français ne sont pas dans un règlement de compte personnel. Ils veulent que la politique de l’Etat change. La crise fait tout bouger et lui reste immobile. Quand le chômage et la précarité explosent, comment comprendre que Nicolas Sarkozy s’accroche à son bouclier pour ne pas faire contribuer à l’effort les plus riches ?
 
  Les élections européennes de juin prochain ne risquent-t-elle pas d'être difficiles pour les partis de gouvernement comme l'UMP et le PS?
 
Pour l'UMP qui gouverne actuellement, j'en suis sûr. En ce qui concerne le PS, qui a vocation à représenter l'alternance, cela dépend de lui. Pour la gauche cette crise est un défi : elle ne peut pas être seulement dans la contestation ou promettre l'impossible, elle est aussi interpellée  comme force de crédibilité.
 
Propos recueillis par Eric Hacquemand et Philippe Martinat

Publicité
Publicité
Commentaires
FOLIO DU BLANC-MESNIL
Publicité
Archives
Newsletter
FOLIO DU BLANC-MESNIL
Publicité